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Gilles le Breton

En 974 C.I. (-4 du calendrier bretonnien), le duc de Bastogne perdit la vie en tentant de repousser un assaut sur ses terres et Gilles le Breton, alias l'Unificateur, lui succéda. Gilles rassembla ses troupes et prit leur tête jusqu'à Bordeleaux, avec la ferme intention d'empêcher les hordes de peaux-vertes de se rassembler pour former une gigantesque armée, capable de balayer l'humanité. Thierry de Lyonesse, son ami d'enfance, et le seigneur Landouin de Moussillon, plus grand chevalier de l'histoire, se joignirent à lui. Leurs terres étaient également menacées et ils espéraient dans le pire des cas mourir glorieusement aux côtés de Gilles.

Les chevaliers établirent leur campement à la lisière de la forêt de Châlons, tandis qu'à quelques centaines de mètres de là, les feux de camp des orques étaient plus nombreux que les étoiles dans le ciel. Gilles et ses compagnons s'enfoncèrent de quelques foulées dans la forêt, pour dresser le camp près d'un lac et préparer tranquillement la bataille. C'est là que lui et ses compagnons reçurent la bénédiction de la Dame du Lac

Les trois Chevaliers du Graal, premiers du nom, sortirent de la forêt pour rallier leurs troupes à l'aube et affronter la horde qui les attendait.

Les douze grandes batailles

Gilles le Breton et ses compagnons menèrent douze grandes batailles contre la horde d'ennemis qui menaçait d'éliminer les Bretonni. Le conflit dura deux ans, en -1 et 0 (977 et 978 C.I.), et se déroula sur l'ensemble de la Bretonnie. Chaque bataille a inspiré plus de chansons qu'un érudit humain pourrait n'en lire en y consacrant toute son existence.

La première bataille

Le matin qui suivit sa rencontre avec la Dame du Lac, Gilles le Breton partit avec ses osts à l'assaut des orques qui assiégeaient Bordeleaux.

Les trois Compagnons du Graal firent à eux seuls tomber autant de peaux-vertes que le reste de leurs armées réunies, et les orques furent repoussés vers l'océan. Les seigneurs Marcus de Bordeleaux et Frédémond d'Aquitanie joignirent leurs troupes à celles de Gilles.

Après le banquet de la victoire, apparut la Dame du Lac dans la salle privée où étaient réunis les seigneurs. Elle présenta le Graal à Marcus et Frédémond, qui y burent, et Marcus fit de cette pièce de son château la première chapelle du Graal, site d'une sainteté encore aujourd'hui sans égale.

La deuxième bataille

Alors que les Compagnons chevauchaient au secours de Brionne, ils furent bloqués par l'armée du bouffi seigneur de guerre orque Brogtar. Le seigneur Frédémond invoqua une grande volée de faucons, qui s'en prirent aux monstres volants des orques dans les airs. Les Compagnons se frayèrent un chemin jusqu'au coeur de l'armée ennemie où Landouin terrassa le chef orque.

La troisième bataille

Les Compagnons parvinrent à Brionne où ils découvrirent le château assiégé, entouré d'innombrables peaux-vertes. Ils prirent les assiégeants à revers, les dispersant comme des fétus de paille. Le seigneur Baudouin surgit avec ses chevaliers, avec qui il rencontra Gilles au beau milieu des armées orques. Alors que les deux hommes s'embrassaient comme deux frères, la Dame du Lac apparut soudainement derrière eux, et Baudouin but au Graal, tandis que hurlaient et tombaient les orques tout autour d'eux. Bien que les chevaliers fussent en sous nombre, à un contre trois cents, les orques ne purent leur faire face et durent battre en retraite.

La quatrième bataille

Poussée par les visions qu'elle reçut de la Dame, l'armée traversa la Brienne en direction de l'est, passant la Gasconnie pour se rendre en Quenelles. Alors qu'ils chevauchaient, le seigneur Lombard de Gasconnie se joignit à leur bannière, mais il n'était pas Compagnon du Graal. Au moment où les hommes atteignirent Quenelles, ils s'aperçurent que la lisière de la forêt de Loren était en flammes, assaillie par les orques. Certains chevaliers craignaient de s'aventurer en ces lieux, redoutant de provoquer l'ire des fées, mais Gilles les y intima, assurant que les fées allaient se montrer indulgentes avec ceux qui venaient les secourir.

Ses paroles se révélèrent fondées, car la lassitude quitta les chevaliers comme on enlève un lourd manteau. Dans le feu de la bataille, les arbres s'agitèrent pour assister les hommes, tandis que les fées elles-mêmes voletaient dans les ombres, apparaissant un instant pour terrasser cent, non, mille orques, avant de disparaître de nouveau.

Dans l'ombre des arbres, les hommes de Gilles et des Compagnons rencontrèrent Rademond le Pur, seigneur de Quenelles. Quand s'enfuirent les derniers orques, la Dame du Lac accorda un repos paisible à tous ces vaillants défenseurs. À leur réveil, toutes leurs plaies et leur fatigue avaient disparu, et Rademond, comme Lombard, brillaient de la même lueur que les autres compagnons. La Dame, disaient-ils, leur avait rendu visite en songe, ce que nul ne pouvait réfuter.

La cinquième bataille

Chevauchant vers le nord, en direction de Parravon, les Compagnons trouvèrent la magnifique cité en ruine, des géants l'ayant arrosée d'énormes rochers depuis les hauteurs. Le seigneur Agilgar de Parravon, monté sur Glorfinial, son fidèle pégase, s'élança dans les airs pour affronter l'ennemi, mais des gobelins de la Main Tranchée en profitèrent pour mettre les rues de la ville à feu et à sang. La charge de l'armée de Gilles balaya les peaux-vertes, débarrassant la cité de ces raclures.

La sixième bataille

Les Compagnons, désormais rejoints par Agilgar, continuèrent vers le nord, cette fois-ci vers Montfort, où ils trouvèrent la forteresse assiégée. L'ost du seigneur Martrud se battait avec héroïsme, mais il était en sous nombre. Poussant un cri de guerre qui fit trembler la montagne, Gilles mena la charge, mais un trait, tiré par l'une de ces déshonorantes machines gobelines, le frappa en pleine poitrine. Ses Compagnons se rassemblèrent autour de lui et parvinrent à se frayer un chemin jusqu'à Montfort, à la pointe et au tranchant de la lame. Ils y furent accueillis par Martrud.

Gilles était en proie à une fièvre délirante et les Compagnons craignaient pour sa vie, le veillant à tour de rôle. Au bout d'un moment, ce privilège revint aux seigneurs Agilgar et Martrud, plus récents chevaliers à avoir rejoint l'armée. Pendant leur veille, une belle demoiselle apparut dans la chambre et badigeonna le front de Gilles du liquide contenu dans le Graal qu'elle tenait dans la main.

Elle demanda ensuite aux deux ducs de boire à la coupe, afin qu'ils devinssent de véritables chevaliers du Graal.

Quand ils reportèrent de nouveau leur attention vers Gilles, les yeux de ce dernier étaient ouverts, sa respiration avait repris un rythme normal et, rugissant, il parvint à extraire le trait fiché dans sa poitrine, avant de se mettre sur pied et de reprendre sans attendre le commandement de son armée qu'il mena sur le champ de bataille. À peine eut-il passé les portes de la forteresse qu'il fût assailli par trois vouivres. Il les terrassa sans faire un pas de plus, plongeant dans l'oeil de l'une d'entre elles le trait qui l'avait cloué au lit. Ragaillardis par les actes de leur chef, les assiégés frappèrent de plus belle. Si grand cependant était le nombre de leurs ennemis qu'il leur fallut une semaine pour lever le siège et repousser les gobelins dans les montagnes.

La septième bataille

La fuite de son ennemi ne satisfit aucunement Gilles et il rassembla de nouveau son armée pour s'enfoncer dans les boyaux enténébrés de la terre. Ces viles galeries n'étaient illuminées que par les nimbes des chevaliers de Graal et les osts purent s'engouffrer dans les souterrains des rois gobelins, qu'ils massacrèrent, brisant une bonne fois pour toutes l'unité des tribus de la race. Ils s'en retournèrent pour s'extirper de ces immondes entrailles et émergèrent couverts du sang noir de leurs ennemis.

La huitième bataille

Fort de dix seigneurs bretonni sous sa bannière, Gilles prit la direction de l'ouest pour affronter les peaux-vertes qui pillaient Gisoreux. Rejoint par Beren, seigneur de cette terre, il affronta une horde constituée de nombre des meilleurs chamans orques. Ceux-ci déversèrent leur infâme magie sur les Bretonni, mais ce déploiement de moyens fut bien inutile, car le pouvoir de la Dame protégeait les chevaliers, et les Compagnons chassèrent l'ennemi dans le sang.

La neuvième bataille

L'armée reprit sa route vers l'ouest, en direction de Moussillon. Cette terre qui fut autrefois la plus belle de toutes n'était plus qu'une désolation roussie sur laquelle vagabondaient librement des bandes de peaux-vertes. Landouin en eut le coeur fendu, car son pays et son peuple étaient en ruine. À la ville de Moussillon, l'armée fut accueillie par Folgar d'Artenois, qui rapporta qu'une horde d'hommes-bêtes et de morts-vivants s'approchait à grand pas. Les Compagnons se répartirent la défense de Moussillon et tous luttèrent avec une bravoure sans pareille.

Gilles trancha lui-même la tête de quelque dragon, tandis qu'Agilgar, monté sur Glorfinial, partit affronter les monstruosités aux ailes de chauve-souris qui sévissaient dans le ciel. Thierry terrassa un géant à deux têtes et la bataille s'acheva lorsque Landouin mit fin à la misérable vie du sorcier qui avait réveillé les morts, instant qui vit la moitié de l'armée ennemie s'écrouler. Les hommes-bêtes s'enfuirent vers la forêt, poursuivis par les Compagnons. Beren et Folgar revinrent, étincelants, contant le récit de leur rencontre avec une belle demoiselle portant un Graal, sous les premiers rameaux de la forêt.

La dixième bataille

Les seigneurs victorieux prirent la direction du nord. Ils chevauchèrent à travers la forêt d'Arden, où nulle vile créature n'osa déranger le formidable ost, jusqu'au port de L'Anguille, construit par les elfes. La grande cité était assiégée par les Norses, qui attaquaient par la mer, mais affluaient aussi par les terres. Le seigneur Cordouin de L'Anguille se fraya un passage au beau milieu des assaillants et joignit ses forces à celles des Compagnons. Mais la bataille continuait de faire rage et lorsque la nuit tomba, nul signe de victoire n'était visible.

Au bout d'un certain temps, le seigneur Marcus de Bordeleaux défia le chef des hommes du nord, Svengar de la tribu des Skaelings, en combat singulier, avec un enjeu simple: le perdant devrait se retirer avec toutes ses forces. Trop fier pour refuser, le guerrier géant affronta le seigneur Marcus au sommet du grand phare et ils combattirent devant toute la Bretonnie. Au fil de la nuit, les éléments semblaient avantager les deux marteaux de Svengar, mais lorsque perça l'aurore, le seigneur Marcus connut un renouveau de force et repoussa les assauts du colosse du nord. Portant un dernier coup, Marcus pourfendit le géant, dont le corps vint s'écraser sur les récifs en contrebas.

Leur chef disparu, les Norses s'en retournèrent à leurs navires et s'en allèrent.

La onzième bataille

À l'issue d'une simple nuit de repos, les Compagnons chevauchèrent vers l'est, en direction de Couronne, où ils furent rejoints par le seigneur Carléond. Ensemble, ils luttèrent contre une horde d'orques aux abords de la Sannez. Ils en sortirent victorieux et les eaux du fleuve furent noires de sang. Apeurés par la lueur qui enveloppait les Compagnons du Graal, les peaux-vertes furent terrassés dans de telles proportions que la terre se transforma en un bourbier de sang.

La douzième bataille

Les Compagnons se réunirent à Couronne où ils eurent vent d'une nouvelle horde d'hommes-bêtes, de trolls et de créatures sans nom du Chaos, qui se déversait depuis la forêt d'Arden. Alors qu'ils ceignaient leurs épées pour aller contrer la menace, un autre messager rapporta la présence de dizaines de tribus de peaux-vertes venues des hauteurs des Soeurs Pâles. Et, comme l'armée s'amassait devant la muraille de Couronne, d'ignobles rats humanoïdes firent irruption depuis le coeur de la ville. Ces monstres surgissaient à tous les coins de rue, encerclant les Bretonni de tout côté.

Alors que les seigneurs tenaient un dernier conseil de guerre avant le combat, la Dame du Lac se joignit à eux. Elle fit boire les seigneurs Cordouin et Carléond au Graal et les Compagnons atteignirent enfin le nombre fatidique de quatorze. Puis, elle bénit l'armée et lui intima de combattre en son nom.

Plus confiants que jamais, les chevaliers prirent le chemin du champ de bataille, convaincus que personne ne pourrait leur résister. La bataille fit rage pendant des semaines, un nombre toujours croissant de créatures immondes sortant des antres de l'ennemi, s'abattant sur les armées des Bretonni telle une grande marée de tempête sur la falaise.

Quand enfin cessa le grondement de la guerre, les plaines de Couronne étaient recouvertes des corps des défunts qui s'entassaient à hauteur du garrot d'un cheval. Les dépouilles de l'ennemi furent brûlées et la fumée du bûcher vint assombrir le jour, tandis que ses flammes illuminaient la nuit, si bien que durant des mois, personne ne put distinguer l'un de l'autre.

Ce fut ainsi que les Bretonni s'unirent et que l'on repoussa l'ennemi du pays. En présence de toute l'armée, la Dame du Lac couronna Gilles, premier Roy de Bretonnie, et l'acclamation fit trembler la montagne.

Source : WJDR - Supplément Officiel V2 WJDR - Les Chevaliers du Graal
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