Le Lyonesse est l'un des plus vastes duchés de Bretonnie, s'étendant le long de la côte, au nord-ouest du pays. La côte est déchiquetée et compte de nombreuses petites îles. Les courants du large sont périlleux pour les nouveaux venus, mais assez prévisibles pour que les autochtones les gèrent sans mal, et les îles ont de meilleurs ports que la côte du continent. Par conséquent, la plupart des villages côtiers du Lyonesse se trouvent en réalité éparpillés au large sur de petites îles.
à l'intérieur des terres, le duché se divise en deux, bien que les deux régions soient essentiellement composées de terres cultivées. Au nord s'étendent les terres d'origine du Lyonesse, domaine de Thierry, le premier compagnon de Gilles le Breton. Au sud, on trouve la région qui faisait autrefois partie du Moussillon.
La région du nord est parsemée de collines que les autochtones nomment des mottes. Ces buttes sont à peu près circulaires, mesurant généralement moins de trente mètres de haut, avec un sommet presque plat et des versants particulièrement escarpés. à leur sommet, des ouvertures mènent à un complexe de grottes qui se dirigent invariablement vers une rivière souterraine à l'eau potable. Comme beaucoup de gens l'ont remarqué, on croirait que les mottes sont des oeuvres humaines destinées à accueillir des châteaux, mais elles semblent tout à fait naturelles. De nos jours, on trouve cependant un château, entretenu ou en ruine, au sommet de chaque motte.
La région méridionale est presque dépourvue de mottes, mais le paysage est sillonné de dizaines de modestes rivières qui débouchent souvent sur de petits lacs. Nombre d'entre eux comportent en leur centre des îles assez grandes pour qu'on y érige un château. La plupart sont désormais fortifiées et les douves naturelles permettent d'avoir de l'eau potable. Quand on s'approche de la frontière du Moussillon, ces lacs sont de plus en plus vastes et le terrain est marécageux en divers endroits. Toutefois, on n'atteint vraiment les marais qu'une fois entré dans le duché maudit.
Une branche de la forêt d'Arden s'étend dans la région méridionale du Lyonesse, mais le réseau de rivières et de lacs se prolonge dans les bois. Les îles de ces lacs abritent souvent de petits villages où les humains tentent de subsister face aux hommes-bêtes.
Lyonesse
Lyonesse, le siège du pouvoir ducal est situé sur une île au large de la côte nord-est du Lyonesse. Les murs du château, bâtis il y a des siècles, sont léchés par les vagues à marée haute, et les petites embarcations peuvent naviguer jusque dans la cour extérieure. La cour intérieure est plus élevée et se trouve presque toujours au sec, tandis que le Grand Donjon s'élève au sommet de l'île, donnant sur toute la baie. On entend les festins du duc Adélard dans toute l'île.
à marée basse, on s'aperçoit que le sommet de l'île ressemble à une motte. De plus, une chaussée descend de la porte principale et disparaît dans la mer. Selon la légende, Lyonesse se trouvait à l'origine sur une colline au milieu de la plus fabuleuse cité du Vieux Monde, mais les péchés de ses habitants provoquèrent le courroux de Manann et tout fut englouti sous les vagues. Seule la citadelle du duc fut épargnée, car lui seul était resté vertueux.
Certains aventuriers ont trouvé le moyen d'explorer le fond et affirment qu'on trouve des ruines sous l'eau, mais qu'elles sont protégées par d'étranges créatures. On en a ramené quelques objets en or, pas assez pour rentabiliser une expédition, mais suffisamment pour que les gens continuent d'essayer.
Sigmarsheim
Sigmarsheim est un petit avant-poste de l'Empire dans la forêt d'Arden. Il y a cinquante ans, un chevalier errant bretonnien se fit de nombreux amis dans l'Empire et les ramena avec lui quand il revint installer son fief. Il demanda un site dans la forêt et y installa ses amis en tant que paysans, mais dotés d'une charte de franchise et de libertés copiées sur celles des diverses cités impériales. Le village est bâti autour d'un temple voué à Sigmar et le donjon du seigneur surveille les alentours au bord de l'île.
Les jeunes du village ont pour tradition de se rendre dans l'Empire durant un an environ quand ils atteignent l'âge adulte et d'en ramener un conjoint. Par conséquent, on y parle le reikspiel et on dirait que l'endroit tout entier a été arraché à la Grande Forêt pour être replanté en terre de Bretonnie. Et en fait, c'est exactement ce que l'on raconte aux visiteurs crédules.
La motte l'Orge
La motte l'Orge se situe au nord du Lyonesse, près de la frontière avec L'Anguille. Deux siècles auparavant, c'était le foyer des seigneurs d'Ayville, qui pactisaient avec les Puissances de la Corruption et fomentaient la ruine du pays. Ils furent vaincus par un groupe d'audacieux aventuriers, dont un membre reçut le fief en récompense.
Les esprits des d'Ayville le rendirent fou et un autre groupe d'aventuriers vint combattre les morts-vivants. Une fois encore, le chevalier bretonnien du groupe se vit remettre le fief en récompense. Quelques années plus tard, on découvrit que le chevalier en question commerçait avec un Dieu Sombre, massacrant ses paysans pour étancher la soif de sang de celui-ci. Les seigneurs voisins le chassèrent et les Garlond le remplacèrent par un intendant. Ce dernier trahit ses suzerains et causa leur mort quelques années plus tard, mais il fut lui-même tué lors des batailles qui s'ensuivirent.
Cette fois, personne ne voulait du domaine, qui fut abandonné. Au fil des années qui suivirent, bandits, nécromanciens et adorateurs du Chaos élurent domicile en ce lieu. On les en chassa, mais quiconque entre en possession de l'endroit semble possédé par le mal. La plupart des gens pensent aujourd'hui que le fief est maudit.
Les Lyonessois sont connus pour leurs machinations et leurs querelles. On met ces traits sur le compte de la géographie inhabituelle, et en particulier sur l'abondance d'excellents sites fortifiés. Il est très difficile de vaincre définitivement un noble lyonessois, et quand naît une rivalité, elle se prolonge sur des décennies, voire des siècles.
Si la complexité de la politique lyonessoise tire sans doute ses racines de simples vendettas entre les familles nobles, elle est devenue de plus en plus trouble. Les nobles qui n'avaient aucun espoir de l'emporter par la guerre se sont tournés vers les machinations politiques, espérant isoler leurs rivaux ou dresser d'autres ennemis contre eux. Ceux qui se trouvaient prisonniers de tels complots se tournèrent vers le commerce et l'économie, dans l'espoir de se renforcer tout en privant leurs rivaux des denrées vitales. Pour répliquer à ces mesures, certains seigneurs allèrent jusqu'à recruter des paysans en guise d'agents.
Les choses en sont arrivées à un tel point que presque tous les nobles lyonessois passent la quasi-totalité de leur vie à s'escrimer contre les conséquences de divers complots ourdis par leurs ancêtres. Rares sont ceux qui comprennent tout à fait les machinations dans lesquelles ils sont impliqués et beaucoup sont complètement perdus, se contentant de réagir à chaque crise au jour le jour. En fait, on raconte l'histoire, probablement inventée de toute pièce, d'un seigneur qui aurait arrangé l'assassinat de sa femme, puis le sien en représailles, sans réaliser ce qu'il faisait.
La seule façon de s'extirper de ce noeud de vipères est de quitter le Lyonesse, et beaucoup d'aventuriers ont choisi cette option. D'autres ont découvert qu'ils n'avaient d'autre solution que de s'enfuir après s'être retrouvés impliqués dans un complot qui avait affreusement mal tourné. Toutefois, le départ de certains fait partie de leur plan et ceux-là espèrent revenir une fois en position de force.
Le seul schisme qui divise la politique du Lyonesse est celui qui sépare le nord du sud. Tandis que les nobles méridionaux étaient ravis d'être libérés du joug des sanguinaires et déments ducs du Moussillon, ils déchantèrent quand les libérateurs s'attribuèrent nombre des principaux fiefs et s'arrangèrent pour écarter les "vieux Moussillonais" des rênes du pouvoir. Toute tentative d'action commune est minée par les vendettas qui déchirent les anciens Moussillonais, mais ils pensent qu'ils devraient faire front commun pour reprendre leur place légitime.