Source : Magazine - Le Grimoire - Tome 8, proposé par Fenryll.
« ... Alors qu'au Sud, par-delà la Mer Griffue, les hommes se complaisaient dans des rivalités villageoises infantiles, les glaces et les montagnes de notre Norsca forgeaient des héros à leur imposante mesure. Menacés de jour comme de nuit par les malignes horreurs du septentrion, les hommes, les femmes et les enfants de Norsca défiaient la mort par leur vaillance et leur foi en la vie. Parmi les nombreux héros engendrés par cette contrée enneigée se tenait Skollvef l'Impétueux. Fils de bergers, il délaissa bien vite ses troupeaux et d'un bâton fit son épieux. A l'aube de sa quinzième année, il possédait déjà la force de l'ours et la ruse du renard. Mais son appétit d'aventure était celle du loup.
Skollvef fut le plus jeune guerrier à se joindre à la Troupe des Dragons, une assemblée de mercenaires à la bravoure inégalée. Avec les Dragons, il fut de tous les glorieux faits d'armes de son temps, comme la Sixième guerre contre les Trolls, l'interminable bataille de la passe d'Ottar contre les nains dégénérés, la déroute du mont Eggil ou plus tard, le second siège de Praag; Les guerriers de la Troupe des Dragons combattaient sans relâche, ne trouvant plaisir que dans la vie de l'acier ensanglanté et ne demandant à Olric qu'une unique faveur, celle d'une mort glorieuse, pour accéder au Valahana, royaume céleste où ils pourraient combattre pour l'éternité au côté de leur Dieu.
Skollvef se fit maints compagnons au sein des Dragons, Thorstein "le Fou", qui les menait tous, Gorm "le Rusé", le seul à surpasser Skollvef dans le maniement de l'épieu, ou encore Snorri, le nain originaire des nations du Sud qui excellait pour guider les Dragons au travers des montagnes impénétrables et des forêts obscures. Mais de la gloire et de la réputation, c'est cette dernière qui dure le plus longtemps et quand Thorstein partit rejoindre Olric après un terrible combat contre un géant enragé, Skollvef lui succéda comme meneur des Dragons. Gorm ne put le supporter et quitta les Dragons en clamant que leur meneur n'était pas celui désiré par Olric. Gorm se fourvoyait, les exploits de la Troupe de Dragons ne furent jamais aussi grands que dans les temps qui suivirent et culminèrent avec la destruction d'une horde de bêtes envoyées par le démon chaotique Khorne pour annihiler la population du port de Ragnar.
Ces aventuriers virent partir bon nombre de frères d'arme de Skollvef pour le Valahana et sentant le poids des hivers, celui-ci jugea bon de laisser sa place de meneur à un guerrier plus jeune et plus enthousiaste qu'il ne l'était devenu. Il fut suivi dans sa décision par son ami le nain Snorri et tous deux rejoignirent un jour le clan de Skollvef, sur les bords du fjord Revik ou demeurait la famille de Skollvef.
Peu de printemps s'étaient en effet écoulés après que Skollvef ait rejoint la troupe des Dragons quand celui-ci avait pris compagne. Helda était douce et gentille et donna naissance au premier de Skollvef qu'il nomma Ottar en souvenir de la terrible bataille. Helda ne résista hélas pas aux douleurs de l'enfantement. Terrassé par le chagrin, Skollvef confia finalement Ottar à son clan et reprit sa route avec les Dragons. Plus tard il retrouva une compagne, Eyrbii "l'ardente", qui lui donna trois autres enfants, Harald, Svend et Njal.
Lorsque Skollvef revint dans son clan avec Snorri, il retrouva ses quatre fils, que l'on appelait les "Skollvefson", devenus des hommes. Ottar, le plus âgé, s'était un temps battu dans le Nord comme son père (il y avait d'ailleurs perdu un oeil) et était revenu dans le clan après avoir rejoint le culte d'Orlric. Harald avait hérité du physique et de la puissance de son père et tout comme lui, le métier des armes le passionnait. Sa fureur sur le champ de bataille pouvait être telle que certains le disaient habité par l'esprit d'une bête sauvage. Svend avait troqué les armes pour le chant et la poésie et était devenu un scalde des plus renommés pour ses récits de sagas et ses poèmes glanés au cours de voyages. Njal, le plus jeune des Skollvefson, n'avait en rien suivi la route vers la brillance tracée par ses frères. D'un physique svelte et fin, Njal avait quitté le clan le jour de ses treize ans, la coutume le reconnaissant alors comme un homme. Fasciné par les voyages et en particulier par celui menant les braves au Continent Vert très loin au Sud-Ouest. Njal s'était joint à l'équipage d'un navire en partance pour les royaumes de Kislev. Quelques temps à traîner dans les rues d'Erengrad et à servir un alchimiste le persuadèrent de revenir au sein de son clan, où il devint Njal "le futé", jeune gardien des drakkars.
Sur les bords du fjord Revik, Skollvef retrouva la sérénité dans sa famille et fur rapidement nommé à la tête de la "Thing", l'assemblée locale. S'en suivirent maints mois de bonheur partagés avec les siens, où Svend consacra son temps à écouter les aventures de son père pour les transmettre à d'autres par la suite. Mais la plus grande saga qui serait un jour raconté sur le clan du fjord Révik n'était pas celle de son père, mais une autre, contant une histoire d'honneur bafoué, de vengeance sanglante et surtout d'un long et périlleux voyage pour le lointain Continent Vert rêvé par Njal. Cette histoire serait connue comme "la Saga des frères Skollvefson..."
Par G. Nonain, pour le Troisième Trophée des jeux de Simulation de Paris - 7 mai 1994. »