Après avoir été vaincu par les Teutognens, les Jutones entreprirent de coloniser la région à l'ouest du Nordland, et surtout la bande fertile qui encadrait le Reik. C'est là que Marius le Loup des Marais, premier Roi de Jutonsryk, commença sa campagne de dix ans contre les fimirs qui infestent le delta du Reik. On peut encore voir les collines artificielles de leurs forts, des buttes couronnées d'une palissade, certains servant toujours de lieu de refuge. Les Collines Déferlantes accueillirent leurs premiers villages et petites villes, en commençant par Aarnau, l'agglomération la plus ancienne et la plus importante. Rien n'a survécu des quelques tentatives de colonisation des Landes Amères, Almshoven ayant été la dernière à mourir. Après les premiers siècles, ces essais de colonisation n'étaient bien souvent qu'un os lancé aux factions mécontentes ou aux jeunes nobles qui voulaient "de la terre, pas du poisson !". C'est également pendant cette campagne que Marius découvre les ruines de l'ancienne forteresse elfique de Sith Rionnasc'namishathir ("Forteresse de la Gemme-étoile sur la Côte Ensablée") et fonde Marienburg sur ce site.
Géographiquement, l'ex-province correspond peu ou prou à l'actuel Pays Perdu, les Wastelands.
Même en ces temps reculés, Marienburg n'était pas seulement la première cité des Wastelands, c'était les Wastelands. En 501 C.I., Marienburg est annexée par l'Empire sous le règne de l'Empereur Sigismund II, le Conquérant. Le Roi des Jutones devient un noble impérial, le Baron du Westerland.
Les Chroniques du Vénérable Ottokar, un des premiers Grands Théogones du culte de Sigmar, rapportent les bénédictions accordées par Ottokar à l'Empereur Sigismund II le "Conquérant", qui agrandissait avec zèle le territoire de "l'unité du Divin Sigmar". Les Chroniques se concentrent sur les guerres livrées au sud et à l'est, mais mentionnent tout de même une campagne contre les "barbares de l'embouchure du Reik" pendant la belle saison 501. A la tête d'une grande armée, Sigismund aurait balayé la résistance des Jutones et reçu la soumission de leur roi, Bram. Le chroniqueur loue la sagesse et la générosité de l'Empereur, car "il a non pas rasé leur Cytadel, ni ne les a asservis, mais il les a aimés comme des Enfants Prodigues, et créé leur Roy Baron et Vassel de l'Empire, baptisant la province neuve "Weysterland". Et ainsi, il a montré Son Amour pour tous les Enfants de Sigmar".
Durant les siècles qui suivirent, la Baronnie du Westerland prospéra. Le commerce était tout d'abord dirigé par les familles nobles. Traditionnellement proches du peuple, les aristocrates n'hésitaient pas à travailler aux côtés de leurs vilains. Mais avec la mode impériale, ils adoptèrent les coutumes de l'Empire et le mépris du commerce, "une activité de roturier".
Ce n'était pas un bon calcul. Les nouveaux commerçants les remplacèrent avec tant de brio que la richesse des maisons marchandes éclipsa bientôt celle des familles nobles. Ces parvenus devinrent même souvent les créanciers des familles aristocratiques en difficulté. A l'Âge des Trois Empereurs, les entrepreneurs de la classe moyenne avaient acquis une telle influence qu'ils pouvaient exiger, et obtenir, des sièges au conseil du Baron, le Stadsraad, jusque-là strictement réservé au clergé et à la noblesse. Ils allaient confirmer leur importance en organisant la résistance populaire contre l'occupant bretonnien, tandis que le Baron et ses nobles étaient piégés à Rijker.
L'événement le plus décisif de l'histoire du Westerland se produisit sans doute en 2150 C.I., quand les elfes des mers revinrent dans le Vieux Monde et leur ancien port. Le Baron van Hoogmans comprenant immédiatement quelle fantastique opportunité lui tombait du ciel, Marienburg signa un traité d'exclusivité commerciale réciproque : "le Traité de Commerce et d'Amitié". Marienburg devenait ainsi le premier port du Vieux Monde.
Pendant l'Incursion du Chaos de 2301 C.I., le dernier Baron de Westerland, le Graf Paulus van der Maacht, mourut dans une bataille alors qu'il servait dans l'armée de Magnus le Pieux à Kislev. Ne laissant aucun héritier, des candidats pour la Baronnie furent immédiatement proposés par le Nordland et le Talabecland, et en un mois l'Empereur reçu des pétitions de pratiquement chaque maison noble de L'Empire. Tout le monde voulait contrôler Marienburg, car celui qui contrôle Marienburg contrôle pratiquement tout le commerce de L'Empire.
Les arguments pour obtenir la Baronnie de Westerland étaient extrêmement divers; troisièmes cousins par alliance, grand-neveux au cinquième degré - tout lien distant ou douteux que les généalogistes pouvaient découvrir ou inventer. Les avocats travaillaient à plein temps pour tenter d'éclaircir tous ces liens et ces arguments, et les espions ramenaient d'inquiétants rapports : certaines provinces s'armaient en secret, au cas où elles ne réussiraient pas.
Magnus vit le danger : si certaines des grandes familles nobles s'estimaient lésées, les guerres civiles auxquelles il avait eu tant de peine à mettre fin risquaient de flamber à nouveau. Un soir de printemps, Magnus allait recevoir une nouvelle délégation : ce n'était pas un autre clan de nobles impériaux mais un comité représentant les plus riches marchands de Marienburg. La légende dit que trois hommes vinrent dans la salle du trône de Magnus le Pieux. Ils n'étaient pas vêtus des soies et des fourrures raffinées des nobles, et ils n'avaient pas avec eux des hordes d'avocats et de larbins, pas de cadeaux et de pots-de-vin extravagants. Mais cependant, l'Empereur les reçu, et ils discutèrent toute la nuit. Les noms de ces trois hommes étaient Jan Koopmans, Pieter Winkler et Thijs van Onderzoeker. Chacun était le chef d'une puissante famille marchande de Marienburg, et ils avaient été élus par les marchands et Bourgmestres de la cité pour présenter à l'Empereur une proposition d'affaires...
La situation de Westerland, dirent-ils, menaçait la stabilité de L'Empire. Sous son unité nouvelle, les schismes et dissensions de l'Âge des Guerres menaçaient toujours. Sans un successeur clairement défini, l'Empereur serait forcé de choisir parmi les diverses revendications venues de tout L'Empire. Qu'importe son choix, de nombreuses factions seraient déçues; et leur déception pouvait facilement détruire la nouvelle paix si fragile. Mais, dirent les Marienbourgeois, ils avaient la solution au problème de l'Empereur.
Ils proposèrent qu'aucun nouveau Baron de Westerland ne soit désigné; ainsi, l'Empereur n'aurait pas à favoriser une maison noble et aliéner d'autres. A la place d'un Baron, le gouvernement de la province serait entre les mains d'un Conseil composé des princes marchands de Marienburg. Après tout, dirent-ils, qui de mieux pour diriger un grand port marchand que les marchands eux-mêmes ? Pour L'Empire, rien ne changerait; les impôts seraient collectés comme d'habitude, les obligations militaires seraient remplies, le commerce continuerait, et ainsi de suite. La seule différence serait que l'Empereur n'aurait pas à s'occuper du problème diplomatique de la succession du Baron.
Selon la légende, l'Empereur pria intensément pendant trois jours. Pour finir, il accepta la proposition et décréta que la Baronnie n'existait plus, que les marchands prenaient les rênes du pouvoir. Tout semblait en ordre et les choses se passaient si bien que les Empereurs suivants considérèrent la situation marienbourgeoise comme réglée et n'y pensèrent plus. C'est ainsi que le Westerland passa de Baronnie à Province, et le premier des liens qui l'attachait à L'Empire fut coupé.
Maître plan des ploutocrates marienbourgeois ou sens aigu des opportunités, il se trouve que les Directeurs allaient au cours du siècle suivant concentrer de plus en plus de pouvoirs entre leurs mains et défaire un par un les liens qui rattachaient leur cité à l'Empire...
Pendant les siècles suivants, le Westerland fut dirigé selon le décret de Magnus, par un conseil choisi parmi les puissantes familles marchandes. En surface, tout semblait normal : les impôts impériaux continuaient à être payés, le commerce continuait et les demandes de troupes occasionnelles étaient honorées. Mais petit à petit, les choses commencèrent à changer. L'apparence normale du processus fut le plus grand allié de Marienburg. Sous le gouvernement du Conseil, rien ne fut permit qui attirerait l'attention de L'Empire, et ils furent donc largement libres de s'occuper d'eux-mêmes. Mais tout n'était pas comme Magnus l'avait voulu.
D'abord, le Conseil étendit lentement le droit des maisons marchandes de recruter et maintenir leurs propres flottes et milices. Ce droit leur avait été donné à l'origine comme une protection contre les pirates qui infestent la Mer des Griffes. Suite au succès des campagnes de ces forces privées contre les pirates en 2378-9 C.I., les Marienbourgeois proposèrent à l'Empereur Leopold que ce privilège devienne perpétuel et que la garnison impériale soit retirée.
La Seconde Flotte Impériale était en effet stationnée à Marienburg depuis la fin de l'Âge des Guerres; c'était une époque de mauvaises récoltes et d'impôts élevés, et le Conseil offrit de s'occuper de la défense maritime de Marienburg, réduisant ainsi le coût de la maintenance de la flotte Impériale. Leopold faisait face à la menace de révoltes dans de nombreuses régions, ses forces étaient dispersées et au bord de la mutinerie. Il ne fut que trop content d'accepter l'offre apparemment généreuse du Conseil, et de se débarrasser de ce drain sur les caisses Impériales. La Seconde Flotte Impériale fut démantelée, et la plupart de ses vaisseaux et de ses hommes furent engagés par les maisons marchandes de Marienburg.
Ensuite, les Directeurs créèrent leur propre service fiscal en 2399 C.I. pour veiller sur la collecte des impôts et des taxes douanières, et lutter contre la contrebande. Chaque sou était soigneusement compté et enregistré avant d'être remis à la Légation impériale et les collecteurs d'impôts de Marienburg montraient une formidable efficacité dans la capture des contrebandiers. Certains prétendaient même qu'ils lestaient les tableaux de chasse trop modestes avec des innocents piégés par des coups montés. Tout ce que les collecteurs d'impôts Impériaux avaient à faire était de recompter l'argent. En un an, les collecteurs d'impôts Impériaux dans le port de Marienburg passèrent de cent vingt à trois. Comme on pouvait s'y attendre, le gouvernement reconnaissant d'Altdorf laissa le Service Impérial des Impôts de Marienburg s'atrophier jusqu'à n'être plus qu'un simple récipiendaire des paiements du Directorat. Plus de pouvoir passa ainsi entre les mains du Conseil, qui avait maintenant - sous un autre nom - ses propres forces armées et ses propres collecteurs d'impôts, aucun des deux véritablement sous contrôle impérial.
Le dernier acte de rupture avec l'Empire se produisit durant le printemps de 2429 avec la fin du règne de l'Empereur Dieter IV, le dernier des Unfähigers. Durant les soixante-dix ans de règne de la dynastie des Unfähigers, les caisses impériales furent pratiquement vidées par plusieurs tentatives de conquête des Principautés Frontalières. La population de L'Empire fut taxée jusqu'à la moelle, l'Empereur imposant de lourdes taxes sur la bière et les saucisses pour financer ses campagnes dans le sud, ces dernières provoquant des révoltes presque partout. Le Westerland n'était qu'une des diverses provinces et baronnies à finalement refuser de fournir des troupes.
Un comité de noble fomenta un complot et renversa l'Empereur afin d'installer le Prince Wilhelm d'Altdorf sur le trône. Profitant du chaos général causé par la destitution le Directorat fit voter l'indépendance du Westerland par le Stadsraad.
Wilhelm envoya trois expéditions punitives contre la province rebelle qu'il appela avec mépris "ce satané wasteland" (un jeu de mot basé sur le dialecte local du Reikspiel, qui prononce "Westerland" comme "Weysterlaand") mais toutes les trois furent vaincues. Les armées Impériales étaient épuisées et à court d'hommes après ces attaques contre les Principautés Frontalières, et les expéditions étaient principalement constituées de conscrits forcés et mal entraînés, qui s'enfuirent rapidement dans les marais du sud de Marienburg.
La bataille décisive eu lieu dans le Marais Grootscher, à douze miles au sud de Marienburg, durant le Erntezeit de 2429. L'expédition Impériale fut harassée durant leur traversée du marais par de petites forces des habitants locaux, et furent repoussés dans une zone de sables mouvants par une force de miliciens sur la rivière, renforcée par les canons de la marine des elfes des mers. C'est à cette occasion que furent révélés les liens unissant le Directorat et les elfes des mers, dont les sorciers avaient joué un rôle décisif dans la campagne finale.
Le Marktag 20 Kaldezeit 2429, Wilhelm dû se résoudre à reconnaître formellement les Wastelands (car le Conseil avait adopté sa plaisanterie) comme une nation indépendante.
Des pas lourds résonnaient dans la petite salle; l'incessant clic-clic du cuir dur sur le marbre trahissait l'anxiété de l'unique occupant de la pièce, Wilhelm von Holswig-Schliestein, Grand Prince du Reikland et Empereur de fraîche date. Pour la centière fois ce matin-là, il regarda par la fenêtre battue par la pluie et examina la place qui s'étendait devant le palais.Quantité de gens allaient et venaient, se dépêchant de quitter la morsure du vent glacé qui balayait le Reik. Mais nulle part dans cette foule, Wilhelm ne voyait celui qu'il attendait - le messager dépêché par son Armée du Reik Inférieur, la troisième et plus puissante des forces envoyées contre les rebelles de Marienburg. Cette dernière expédition n'était pas particulièrement impressionnante selon les standards impériaux, mais elle n'avait pas à l'être. Les Marienbourgeois étaient des boutiquiers et des compteurs de pièces, pas des soldats. Les meilleures troupes de Wilhelm avaient été envoyées au sud et à l'est, pour parer à des menaces autrement plus graves. Les Princes Frontaliers multipliaient les raids de représailles, suite à la tentative de conquête de l'année passée, et les lourdes taxes destinées à financer la défense avaient provoqué plusieurs révoltes populaires. La semaine précédente, une lettre paniquée du Grand Prince Augustus d'Ostland était arrivée : il réclamait des Gardes Impériaux pour mater les émeutes qui exigeaient du pain dans sa capitale. L'hiver imminent promettait d'être rude, et les récoltes d'automnes avaient été mauvaises; la situation ne pouvait qu'empirer.
L'Empereur Wilhelm avait toutefois gardé en réserve une partie de ses meilleures troupes, car des rapports signalaient que Dieter IV, l'Empereur déchu, rassemblait des mercenaires le long du Talabec supérieur et se préparait à reconquérir son trône. Le peuple, comme toujours, manquait de mémoire et commençait à blâmer Wilhelm, oubliant que c'était Dieter qui avait décrété les nouvelles taxes et provoquer les bandits des Principautés Frontalières.
Les conditions nécessaires à un contre coup d'État, ou même à une guerre civile, étaient réunies, et Wilhelm avait désespérément besoin de bonnes nouvelles pour éteindre les braises de mécontentement sur lesquelles soufflaient à plaisir tous les extrémistes, révolutionnaires et agitateurs. Où se trouvait donc ce fichu messager?
"Heum."
Wilhelm se détourna de la fenêtre. Un coursier à l'air malheureux, vêtu de la livrée de la Maison Kluck, se tenait dans l'encadrement de la porte. Le chef de sa maison, le Comte Zelt, commandait l'expédition du Westerland. "Eh bien," grogna Wilhelm, "au rapport."
"Votre Majesté Impériale," bégaya le coursier, visiblement sur le point de faire sur lui. "P-puissante Grandeur, j'ai l'horr-honneur d'être chargé... Je veux dire, le C-comte von K-kluck m'a ordonné de vous annoncer... Je veux dire..."
"Allez, parle, mon gaillard! Assez de cérémonies, donne-moi des nouvelles! Marienburg a-t-elle été prise? Les têtes des rebelles sont-elles plantées sur la Porte d'Oostenpoort? Alors?"
"Mon Seigneur," dit le messager qui reprenait ses esprits, "le Comte Zelt regrette de devoir vous annoncer la reddition de l'Armée du Reik Inférieur aux forces de Marienburg."
"QUOI?" rugit l'Empereur. "Comment? Von Kluck avait des soldats, des chevaliers, des canons, des navires... Par l'étreinte glacée de Mórr, que s'est-il passé?"
"Votre Majesté, les Westerlandais ont commencé à nous harceler dès que nous sommes entrés dans la province. Quand nous avons atteint les marais, ils nous attaquaient de tous côtés, mais disparaissaient dès que nous voulions riposter. Ils nous ont piégés dans le Marais Grootscher et, une nuit, ils ont incendié notre ravitaillement. Sorcellerie, Mon Seigneur! Les sorciers des elfes des mers sont à leurs côtés! Nous avons résisté, Votre Grandeur, mais ils refusaient la bataille chaque fois que nous voulions combattre."
"A la fin, nous mourions de faim, et avec la pluie sont arrivées les maladies - le choléra. Le Comte a jugé que l'honneur lui dictait de se rendre et de sauver son commandement. Il supplie Votre Impériale Majesté de lui pardonner et demande les instructions de Votre Impériale Majesté."
Sur ce, le messager mit un genou à terre et baissa la tête, convaincu que l'Empereur allait faire appeler le bourreau.
Mais Wilhelm avait cessé d'écouter et réfléchissait à toute allure. Tous ces ennuis pour des dunes balayées par le vent, des marais malsains et des landes hostiles aux troupeaux. Et les elfes! Si c'était vrai, l'Empire ne pouvait pas se permettre une guerre avec les elfes des mers et Ulthuan. Non. Il fallait faire la part du feu et sauver ce qui pouvait encore l'être. Il se tourna vers le messager et fit appeler un scribe.
"Dites à von Kluck de se replier et faites porter ce message aux Bourgmestres de Marienburg. Dites-leur d'appointer une délégation qui rencontrera Nos Plénipotentiaires pour discuter d'un traité. Nous reconnaîtrons leur indépendance. Mais, écoutez-moi bien, je prie que vienne le jour où ils nous supplieront à genoux de les aider contre le Chaos, les nordiques ou les bretonniens. Les Directeurs verront alors ce que leur or peut acheter! Je les maudis, eux, leurs terres et leur cité! Westerland - peuh! Je rebaptise ces terres pour ce qu'elles sont, des Wastelands, et que la pourriture les emporte!"