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L'Emirat de Al-Haïkk

L'Emirat de Al-Haïkk est, de tous les royaumes arabes celui qui ressemble le plus à un territoire du Vieux Monde. Ce royaume est entièrement tourné vers la mer et tire la plupart de sa richesse du commerce maritime et de la piraterie. Cette activité de piraterie est considérée à Al-Haïkk comme une activité commerciale comme une autre. Elle est réglementée par quelques lois simples mais incontournables : Tout pirate souhaitant battre pavillon de Al-Haïkk et faire relâche dans son port doit être inscrit au registre des corsaires du port et payer une taxe annuelle de plusieurs centaines de Dinars. Les pirates revenant de chasse doivent verser au trésor de l'Emir 5% de la valeur totale de leur butin. Il est interdit de s'attaquer à un navire battant pavillon de Al-Haïkk.

Ces règles simples sont assorties de quelques conseils qu'il est préférable de suivre : Il vaut mieux s'attaquer à un navire du Vieux Monde qu'à un navire arabe. Il est préférable d'éviter de chasser les navires battant pavillon du Sultanat ou celui de Kufra (ce dernier conseil est souvent oublié). L'Emirat de Al-Haïkk est un petit territoire (57 600 km²) situé à l'extrême Nord Ouest du royaume. C'est un territoire aride et presque désert. Seule la côte est parsemée de petites villes portuaires et dominée par deux grandes cités : Baskra et Al-Haïkk. La seule richesse de l'émirat est donc son littoral.

L'agriculture y reste cependant pauvre et l'Emirat doit importer la plus grande partie de ses produits de consommation courants. Cette dépendance est surmontée grâce à un commerce très lucratif : celui des esclaves. Al-Haïkk est en effet le premier marché d'esclaves de toute l'Arabie : Produit de la piraterie, cette marchandise humaine provient des Terres du Sud, du Vieux Monde et parfois même de l'Arabie. Cette société violente, basée sur un mélange de piraterie, de commerce et de trafic d'esclave est dirigée par l'Emir Haroun Al Otman, un des hommes les plus riches et les plus puissants d'Arabie (certains prétendent même qu'il serait plus riche que le sultan lui-même). Pour garder le contrôle de ses sujets, l'Emir dispose d'une flotte de guerre puissante (plus de 50 galions lourdement équipés) d'une armée d'environ 500 soldats bien entraînés et d'autant de mercenaires.

Il ne faut pas croire cependant que tout l'Emirat de Al- Haïkk soit un repère de pirate. Seule la cité du même nom est tournée vers cette activité. Dans le reste de l'Emirat, la piraterie est interdite.

Les principales villes de l'Emirat de Al-Haïkk

Al-Haïkk
« La cité des pirates ». Par bien des aspects, cette cité portuaire ressemble à celle de Sartosa (cf Le Grimoire Tome 17). La piraterie y est une institution réglementée et tout le commerce de la ville dépend de cette activité. Al-Haïkk est une très grande ville, abritant derrière ses hauts remparts de pierre blanche une population estimée à presque 50 000 âmes. La cité est un labyrinthe de ruelles ombragées, encombrées d'étales divers. Le port est le coeur de Al-Haïkk. Plus d'une centaine de navires de toutes tailles y font relâche pour décharger et vendre leur butin.

Le second coeur de la ville est la Place du Marché aux Esclaves : C'est une vaste place dallée, d'une superficie de près d'un hectare, entourée par une enceinte étroitement gardée. Chaque semaine, des centaines d'esclaves y sont échangés. Les trafiquants viennent de toute l'Arabie y faire leur commerce. On trouve de tout parmi la clientèle : Intendants de palais ou de riches propriétés, propriétaires de harems (ou de bordels), responsables de chantiers divers, organisateurs de combats, exploitants agricoles, capitaines de galères... Il existe, à proximité de cette place, une immense salle d'enchères où sont vendus par les capitaines pirates des denrées très variées (de la tapisserie tiléenne au clavecin bretonnien). Un commissaire des enchères dirige cette salle de ventes. C'est un homme très influent, nommé directement par l'Emir de Al-Haïkk.

L'une des attractions de la ville est son Harem : C'est un vaste palais situé dans le quartier huppé, hébergeant plus d'une centaines de prostituées de luxe. L'Emir est directement propriétaire des lieux mais il en a confié l'intendance à Sinan Ibrahim, un ancien pirate ayant fait fortune dans le trafic de jeunes femmes blanches. Sinan est un hôte très courtois et son hôtel est un véritable paradis. Il faut dire que le client désirant se faire plaisir devra « débourser » au moins 250 Dinars. Gare aux mauvais payeurs, le service d'ordre est assuré par des eunuques à la force proverbiale.

Mais il ne faut pas croire que cette cité soit une zone de non droit. Une milice bien armée y fait régner l'ordre. Les 400 soldats qui la composent sont sous les ordres du Ka'id Suleyman Firam, nommé par l‘Emir. Il est l'un des 5 hommes qui forment le Conseil de la Cité. Les quatre autres sont le commissaire des enchères (Ibn Alran Assan), l'intendant de justice (Marat Al Musabar), Le commissaire du Marché aux Esclaves (Imad Al Zanki) et le capitaine du port (Tarik Al Médi). Chacun de ces 5 hommes est nommé par l'Emir et a sous ses ordres une cohorte de fonctionnaires.

Dans la rue, la justice est très souvent rendue sur place par la garde (toujours formée d'au moins six hommes). Seuls les délits entraînant plus de deux semaines de prison font l'objet d'un procès. Cette justice, aussi cruelle qu'expéditive garantie la cohésion sociale et le calme (relatif) de la cité.

L'alcool n'est pas interdit à Al-Haïkk et les tavernes peuvent proposer de la bière de l'empire, du vin Tiléen ou Bretonnien, ou encore de l'alcool de datte pour accompagner l'opium souvent fumé en ces lieux.

On peut se demander pourquoi une telle cité n'a pas encore été rasée par ses puissants voisins (qu'ils soient du Sultanat, de Kufra ou de Mahabbah). Il existe plusieurs réponses à cette question : Tout d'abord, la piraterie permet à l'Arabie de s'approvisionner en esclaves (près de la moitié des esclaves vivant en Arabie ont transité par Al-Haïkk). Mais les pirates ont une seconde utilité : ils se muent souvent en mercenaires lorsque, contre une somme importante, ils acceptent de prendre part à une lutte commerciale entre deux riches compagnies ou entre deux princes. Ils peuvent également être employés par de hauts dirigeants pour effectuer des razzias dans les ports ennemis. D'autre part, l'Emir de Al-Haïkk dispose d'une armée et d'une flotte bien entraînée ; il est de surcroît assez riche pour engager des centaines de mercenaires si un conflit venait à le menacer.

La religion prend peu de place dans la cité. Il existe bien une cinquantaine de temples dédiés à Ormazd mais dans les quartiers populaires, les caves sombres ouvrent parfois leurs portes sur des oratoires destinés à prier Sangrif ou Khaine. On raconte également que le chef de la très mystérieuse caste des Maculés (organisation d'assassins), résiderait dans un des palais de la ville.

Les arènes sont situées à l'extérieur des remparts, afin de permettre aux spectateurs étrangers d'assister aux spectacles sans avoir à payer la lourde taxe d'entrée perçue aux trois portes de la ville. L'arène a été entièrement financée par l'Emir de Al-Haïkk : C'est un immense bâtiment aux tribunes très inclinées, donnant une impression de vertige aux spectateurs. Les combats et les courses qui s'y déroulent sont réputés dans toute l'Arabie.

Pour résumer, Al-Haïkk est une cité atypique, violente, passionnée et cruelle. On peut y faire fortune le matin et y être assassiné le soir. La roue tourne vite dans la cité des pirates...

Baskra
À moins de 100 km de Al-Haïkk, la cité portuaire de Baskra est entièrement tournée vers le commerce. Grâce à la présence de sources et à l'installation de systèmes d'irrigation performants, les alentours de la ville sont parsemés de vergers, d'oliveraies et de palmeraies. Mais les activités principales de la ville sont la construction de navires, l'achat de denrées agricoles (pour approvisionner sa puissante voisine Al-Haïkk) et le commerce des pierres précieuses : En effet, à une vingtaine de kilomètres de la ville, en plein désert de rocaille, deux gisements ont été découverts à quelques kilomètres l'un de l'autre. On en extrait des diamants et des émeraudes. Les deux gisements sont exploités par des bagnards et des esclaves étroitement surveillés par environ 200 soldats de l'armée de l'Emir. Une guilde de mineurs nains y travaille depuis environ 20 ans. Il faut dire que ces mines sont très dangereuses car elles s'enfoncent de plusieurs centaines de mètres dans le sol. Les accidents sont nombreux et l'espérance de vie des mineurs est très brève.

Grâce à ces gisements, Baskra est devenue naturellement une ville de joailliers. On y trouve les plus beaux bijoux de toute l'Arabie.

Le port de Baskra a la particularité d'avoir les plus grands chantiers navals de toute l'Arabie. Plusieurs milliers d'ouvriers y travaillent chaque jour. Les propriétaires des chantiers sont une dizaine de riches navigateurs ayant mis en commun leurs capitaux pour créer la plus puissante guilde de constructeurs de navires qui ait jamais existé en Arabie. Les ingénieurs travaillant dans ces chantiers sont très réputés et ont acquis leur savoir faire à la Madrasa de Baskra (réputée pour l'enseignement des mathématiques et de la géométrie).

De par ses activités, la ville et ses 30 000 habitants sont protégés par une garnison municipale forte de 400 soldats n'ayant rien à envier à une armée régulière. Le commandant de cette garnison est le Ka'id Abdullah.

Baskra abrite également le palais de l'Emir : C'est une propriété splendide, perdue au milieu de jardins botaniques étonnants. Le palais est de forme circulaire et son toit est une terrasse arborée comme il en existe peu à travers le monde. A l'intérieur, chaque pièce contient plus d'oeuvres d'art que ne pourrait en convoiter le plus avide des collectionneurs.

Source : Répertoire géographique de l'Arabie : Les Royaumes du Désert, par S. Guyon
En cache depuis le 30/06/2020