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Le Cycle des Destinées: Livre V - Tome VII

Source : Mondes Persistants - par Iodrigar Iavas, proposé par Imrahil.

« Les frères parvinrent à la croisée des routes en fin d'après-midi. La neige tombait abondamment, et avait entièrement recouvert les empruntes des adeptes des Serpents de Feu. Personne n'avait pu les renseigner quant à leur itinéraire ou leur destination. Ce Magister Zauberlich menait bien ses affaires. Et les éléments lui étaient favorables... pour l'instant. Il devrait prier pour que sa chance ne l'abandonne pas, car l'hiver dans ces hautes montagnes était plus redoutable que les autorités impériales.

Ils étaient arrivés sur le site du tumulus de Kemmler plusieurs heures après les cultistes de Tzeentch. Trop tard. Le lieu avait littéralement été dépouillé. A l'évidence, ils n'avaient pas traîné.

Leurs ennemis avaient des chevaux, alors qu'eux, fervents adorateurs de Nurgle et disciples de l'ordre de la Mouche, erraient à pieds à travers les montagnes. Et puis leurs maladies, grandes faveurs et bienfaits de leur divinité chaotique, les affaiblissaient. Mais telle était la volonté de leur Dieu, le Tout Puissant Nurgle. C'était une mise à l'épreuve, un test de foi. Et leur dévotion était sans limite.

Whitespore était intrigué, sinon soucieux des aptitudes de leurs ennemis. Ceux-ci devaient avoir en leur possession un artefact à la magie puissante: le tumulus de Kemmler avait été mis à jour de façon tout à fait étrange. Surnaturelle, même. Ce qui était sûr, c'était qu'aucun outil, aucune créature n'aurait pu déblayer la neige comme ils l'avaient fait. Et puis, il y avait eu ces déflagrations magiques, perceptibles à deux reprises malgré la distance. Même frère Ozhargul Durga, qui pourtant n'était qu'apprenti, avait perçu leurs ondes énergétiques. Et ce n'était pas tout: l'antre de Kemmler jouissait d'une réputation plus que respectable. Ses défenses auraient dû avoir raison d'un groupe aussi restreint. Mais il n'en était rien. Ils n'avaient pas accusé la moindre perte. Ils devaient certainement compter un ou deux nécromants parmi les leurs.

Leurs espions avaient une fois de plus été bernés par les cultistes de Tzeentch...

A présent, le dilemme...

"Ils ne sont sûrement pas allés vers la Maisontaal, dit frère Ozhargul Durga. On dit que les prêtres de Taal sont aptes à identifier les auras des jeteurs de sorts. Et il ne faut pas oublier que ce sont ces mêmes moines qui ont eu raison du Lichemeister.

- Mais alors mes frères, quelle route emprunter?" demanda Gunthar Ulrich.

Le nain considéra à tour de rôle les trois itinéraires qui se dessinaient devant lui. La route de l'ouest les mènerait à la Maisontaal... et jusqu'à ses moines. Celle du sud les conduirait jusqu'à la Voûte et la Passe Montdidier. C'était une vieille piste abandonnée depuis un peu moins d'un siècle. Il ne comptait pas un seul village avant plusieurs centaines de kilomètres de marche. S'y engager était de la folie. Mais c'était aussi ce qui faisait hésiter Whitespore. Zauberlich serait assez fou pour prendre un tel itinéraire. La troisième route, quant à elle, remontait vers le nord, vers Helmgart.

"Il ne nous reste donc que deux chemins possibles...déclara platement le nain. Le nord ou le sud... Prions."

Les frères se recueillerent en une méditation muette de quelques secondes. Puis Gunthar de clamer à haute voix:

"Ô Grand Nurgle, nous nous soumettons à ta volonté! Puisse-tu guider tes apôtres sur les voies de la sagesse et de tes conseils, car nous sommes tes esclaves pour la fin des temps!"

A cet instant précis, probablement le fruit d'une pure coïncidence, une feuille morte -pour le moins tardive- s'échoua sur la route de Helmgart. Pas de doute possible, Ozhargul l'avait bel et bien vue.

"Mes frères! cria-t-il , euphorique. Notre Seigneur nous envoie un signe!

- Il nous faut prendre la route du nord, dit alors le nain. Ainsi soit-il. Ô Grand Souverain, nous te remercions à genoux de l'aide que tu nous apportes. A présent, les doutes sont dissipés."

Il leva la main pour s'adresser à ses frères de culte. Ce geste signifiait qu'il avait quelque chose de très important à leur communiquer. Ils se remirent brièvement de leur allégresse.

"Mes frères, Notre Seigneur nous aiguille donc vers le nord. Vers Helmgart. Vers le seul et unique autre exemplaire du Liber Mortis."

Ses acolytes lui jetèrent des regards interrogateurs.

"Les sortilèges du Liber Mortis sont d'une importance capitale pour notre lutte contre les hordes de notre Grand Ennemi, expliqua-t-il. Il nous faut coûte que coûte les ramener à Middenheim. Si Zauberlich n'est pas au nord, alors nous nous rendrons au Château Drachenfels pour y récupérer l'exemplaire que détenait le Grand Enchanteur. Je ne fais là que suivre les directives de nos supérieurs.

- Mais il nous faut nous assurer que Zauberlich ne ramène pas les livres de Kemmler à Nuln, objecta Gunthar.

- Sur ce point là, vous avez raison, frère Ulrich. Mais après tout, les Serpents de Feu sont peut-être sortis les mains vides de l'antre du Lichemeister, et peut-être font-ils route en ce moment même vers le Château Drachenfels...

- En ce cas, ne perdons pas de temps! s'exclama frère Durga. Mes frères, si Le Grand Immonde désire nous éprouver dans le domaine du Grand Enchanteur, il serait sage de ne pas le faire attendre."

Et frère Ulrich emboîta le pas de frère Durga sur la route de Helmgart. Frère Whitespore contempla l'immensité des Montagnes Grises avant de les suivre. Quelque part au fond de lui-même, il savait que Zauberlich avait pris l'autre itinéraire. Tout compte fait, ce n'était plus important... La lutte contre les Serpents de Feu ne faisait que commencer.

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