Source : Magazine - Warpstone #17, proposé par Fenryll.
Thème : Théatre
Joueurs : 3 / 5
Difficulté : Facile
Lecture : ~15mn. (3525 mots)
Dialogue Gestion de personnes Découverte
Ce scénario se déroule dans la ville de Schoppendorf, mais il peut être transposé sans difficulté dans n'importe quelle ville de taille moyenne ou petite. Il n'est pas vraiment adapté à une cité car il met en scène un colporteur. En effet, les biens et les services offerts par un colporteur ne sont généralement pas nécessaires dans une grande ville, qui dispose de grands marchés et de commerçants pour répondre à ces besoins. Dans les faits, de nombreux bourgs en disposent également et les colporteurs exercent généralement leur métier dans les villages et les fermes. Ils s'approvisionnent généralement en ville et proposent des articles qu'ils ont achetés dans ces grands centres de commerce. Dans ce cas, le colporteur sera venu en ville pour y passer l'hiver.Ils viennent dans nos villes : étrangers, colporteurs et gitans. Nous ne connaissons pas leur passé, leurs crimes, leurs familles. N'est-il pas normal que nous nous tournions d'abord vers eux lorsque le mal est fait ?
Le scénario peut facilement être terminé en une seule session et est donc conçu pour être joué comme un bouche-trou entre deux aventures. L'intrigue est centrée sur un viol présumé. Le viol était vraisemblablement courant au Moyen Âge et à la Renaissance, mais les poursuites étaient rares. Les "Gentlemen" étaient dès lors rarement inquiétés par d'éventuelles condamnations.
Le scénario fait également certaines suppositions, notamment en ce qui concerne les réactions du témoin du "viol". Elle est considérée comme n'étant pas familière avec les cris de jouissance d'une relation sexuelle. On pourrait y opposer qu'à une époque où les gens vivaient très près les uns des autres, la chambre du maître se trouvait souvent en haut de l'escalier, de telle sorte que tous devaient y passer. De même, on pourrait faire valoir que puisque les villageois vivaient probablement dans une seule pièce, cette ignorance soit peu probable. Cependant, un simple coup d'oeil aux chansons folkloriques et paillardes, montre à quel point certaines jeunes filles étaient mal préparées...
Il y a un an, Franz Stotter, le tailleur de son mari, a commencé à la courtiser après qu'elle a eu récupéré quelques articles chez lui. Célibataire, Stotter est un coureur de jupons en série. Charmant, parlant bien et doté d'un grand esprit, tous deux ont entamé une liaison. Ils s'accordaient des moments lascifs dans sa boutique ou chez lui et, chose inhabituelle pour Stotter, il commença à tomber amoureux d'Alexia. Cela a duré jusqu'à il y a un mois, quand Alexia a mis fin à leur relation, provoquant une grande colère chez Stotter. Il n'avait pas l'habitude d'être rejeté par ses maîtresses et son ego était meurtri.
Il y a trois jours, Agnès, la bonne d'Alexia, est venue chercher des vêtements commandés il y a deux mois. Pendant qu'elle attendait, elle dit à Stotter qu'elle devait aller rendre visite à sa tante pendant trois jours et qu'elle partirait le lendemain matin. Stotter passa deux jours à faire les cent pas, se demandant s'il devait se rendre chez Alexia pendant que son mari était au travail. Finalement, il ne put résister.
Dès qu'Alexia a ouvert la porte, le vieux désir s'est enflammé à nouveau. Le couple est monté à l'étage, à l'abri des regards indiscrets à travers les fenêtres. Malheureusement, Agnès est rentrée plus tôt de sa visite à sa tante. En arrivant, elle entendit des cris, croyant que sa maîtresse était en train de souffrir. Se faufilant à l'étage, elle a vu le couple faire l'amour et a cru que sa maîtresse se faisait agresser. Rapidement, elle s'est retournée et a couru hors de la maison pour chercher de l'aide.
Sachant qu'il avait été vu, le couple illicite est passé de l'étreinte passionnée à la panique en un battement de coeur. Alexia pensait qu'elle serait déshonorée si son mari l'apprenait. Réfléchissant rapidement, elle dit à Stotter qu'il devait la frapper. Il refusa mais comme elle insistait, il finit par le faire. Il la cogna fort et elle tomba inconsciente, saignant du nez et de la lèvre. Stotter s'échappa ensuite par l'arrière de la maison.
Lorsque le guet arriva, ils trouvèrent Alexia à moitié nue, étendue sur le sol. Ils firent chercher son mari et attendirent. Quand elle revint à elle, elle dit qu'elle avait été attaquée mais qu'elle ne se souvenait de rien concernant l'homme. Honteuse de ses actes, elle ne voulait pas que son mari connaisse les détails. Cependant, elle donna sa version des faits à son frère, Gregor Glaser. Plus en colère qu'elle ne l'avait jamais vu auparavant, il jura qu'il trouvera le coupable et le fera traduire en justice. Toutes ses protestations ne servirent à rien. Alexia craint maintenant que son frère découvre la vérité et elle ne sait pas comment il réagirait. Elle s'est donc mise à faire en sorte que son histoire soit crédible.
Un colporteur, à qui elle avait acheté de la dentelle, lui avait rendu visite le matin même. Elle pensait qu'il avait probablement déjà quitté le bourg et que si ce n'était pas le cas, sa parole à lui ne serait pas crédible comparée à la sienne. Au moment où son frère rencontre les PJ, elle est prête à les recevoir.
"Il y a deux jours, ma jeune soeur Alexia a été... violée." Il murmure le dernier mot et prend une gorgée de son verre avant de continuer. "Je veux que vous trouviez le bâtard responsable. Le Guet n'a rien pu faire, ils pensent qu'elle l'a provoqué d'une manière ou d'une autre. Je veux qu'il soit traduit en justice. Son mari Vorster est un homme bon et il est dévasté, tandis que ma soeur, bien sûr, est extrêmement désemparée. Si nous pouvons attraper cette racaille, cela les aidera tous les deux. Voulez-vous bien m'aider ?"
En supposant que les PJs disent oui, il leur offrira une somme d'argent qui sera décidée par le MJ. Il ne peut pas en offrir trop car il n'a pas d'argent à dépenser. C'est cependant un bijoutier d'un certain standing dans la ville et pourrait donc offrir le paiement en bijoux à la place. Si les PJ le demandent, ils pourront gagner plus (mais s'ils les revendent ensuite, ils obtiendront probablement moins). Après cela, il leur raconte "les faits".
"Agnès, la femme de ménage, est rentrée chez elle hier après-midi et a vu Alexia se faire agresser. Elle s'est précipitée hors de la maison et a frappé à la porte d'une voisine. Cette femme a envoyé son jeune garçon chercher la garde. Cependant, le temps qu'ils arrivent, l'agresseur était parti. Ils n'ont pu trouver aucun signe de lui. En fait, le sergent chargé de l'enquête m'a clairement dit qu'Alexia avait dû encourager son agresseur d'une manière ou d'une autre. Ma soeur se souvient de peu de choses mais elle est prête à vous parler."
Glaser ne sait rien d'autre mais emmènera les PJ au domicile du Vorster s'ils le demandent. En parlant aux différents participants, les PJ pourront se faire une idée de ce qui s'est passé, suffisamment pour pouvoir retrouver le Colporteur.
Le jour de l'attaque, elle rentrait chez elle après avoir rendu visite à sa tante et a trouvé la maison calme. Après avoir laissé ses légumes fraîchement achetés dans la cuisine, elle s'est dirigée vers sa chambre. C'est dans le couloir qu'elle a entendu les cris de douleur de sa maîtresse. Sans faire de bruit, elle s'est faufilée à l'étage. En haut de l'escalier, dans la chambre principale, elle a vu l'homme qui attaquait sa maîtresse. Elle a dévalé les escaliers et a frappé à la porte de Frau Strauberger. Quand elle lui a raconté ce qui se passait, celle-ci a envoyé son fils de six ans chercher la garde et quand ils sont arrivés, elle les a suivis. À l'intérieur, sa maîtresse était sur le sol, inconsciente et en sang. Il n'y avait aucun signe de l'agresseur.
Un interrogatoire plus poussé d'Agnès est nécessaire pour obtenir les détails. Elle était allée rendre visite à sa tante dans son village natal pendant trois jours, car celle-ci était malade. Cependant, elle s'est finalement rétablie plus rapidement et Agnès est revenue un jour plus tôt. Les cris de douleur poussés par sa maîtresse étaient en réalité les cris de jouissance, mais Agnès n'en avait aucune idée. L'homme n'était qu'à moitié habillé et elle se souvient qu'il portait une chemise brune. Il avait aussi des cheveux bruns. Frau Strauberger lui a dit de ne pas retourner dans la maison avant l'arrivée de la Garde, mais elle était tellement effrayé que c'est ce qu'elle fit. Une fois que le guet eut fini de fouiller la maison, le Sergent envoya chercher Maître Juler.
Quand les PJ commencent à poser des questions, elle s'excuse et dit qu'elle ne se souvient que de très peu de choses, "et j'en suis heureuse". Elle était dans la chambre à coucher lorsqu'elle a été saisie par derrière et n'a pas vu l'agresseur, bien qu'elle se souvienne qu'il sentait très mauvais. Si on lui demande, elle dit qu'il était "sale et en sueur".
Si l'on interroge Alexia à propos d'un colporteur, elle se souvient lui avoir acheté de la dentelle le même jour. Elle a acheté six pièces de dentelle et cinq d'entre elles sont maintenant rangées dans un tiroir. La sixième pièce a été volontairement abandonnée sous le lit pour aider à incriminer le camelot.
Une autre voisine, si on lui demande si elle a vu quelqu'un d'autre, se souvient avoir vu un homme bien habillé, grand avec une barbe taillée frapper à la porte des Juler. portant un paquet. C'était Stotter mais Alexia prétendra que c'était son frère. Cependant, si on le lui demande, son frère confirmera qu'il n'est pas venu ce jour-là et qu'il ne l'a pas fait depuis une semaine. De plus, sa description ne correspond pas à celle de Gregor Glaser.
La trentaine, Otto est un colporteur depuis son adolescence. Pas très intelligent, c'est sa nature joyeuse qui lui permet de s'en sortir. Il parcourt généralement les zones rurales locales et est un visage familier que beaucoup sont heureux de voir. Il est venu en ville pour s'offrir un bain et quelques jours de luxe (c'est-à-dire dormir dans un lit).
Il répondra du mieux qu'il peut aux questions des PJ mais sera immédiatement terrifié par la moindre menace. Les PJ auront l'impression qu'il leur dit la vérité mais croiront-ils leurs propres instincts, c'est une autre histoire. Il nie avoir attaqué qui que ce soit mais se souvient de la femme à qui il a vendu six pièces de dentelle. Il est heureux de leur montrer des articles similaires dans son sac. Celui-ci contient également deux pièces de soie bleue, semblables à celle retrouvée dans la chambre (bien qu'elles soient d'une nuance sensiblement différente). Cependant, il dit qu'il n'en a vendu aucune en ville, ni même ailleurs depuis quelques semaines.
Cependant, lorsqu'ils visitent la boutique de Franz Stotter, son professionnalisme calme glisse rapidement vers la nervosité lorsqu'on l'interroge. Il nie avoir déjà vu un tel échantillon auparavant. Certes, il ne correspond à aucun des autres rouleaux de soie dans son local, mais c'est parce que c'était le dernier d'un lot. Si les PJ le forcent à s'expliquer, il envoie son apprenti en courant chercher le guet, en prétextant que les PJ le menacent. Les PJs doivent savoir qu'il sera probablement cru bien plus facilement qu'eux.
S'ils ne font rien, Vorster Juler sera à jamais rongé par la culpabilité et la honte de l'attaque. Peut-être qu'il s'enterrera dans la boisson ou le travail, mais dans tous les cas, il ne sera jamais heureux. Il est fort possible que cela finisse par faire fuir Alexia et qu'elle finisse avec Stotter - pour être rejetée peu après.
Si les PJ s'arrangent pour qu'Otto le colporteur soit arrêté et ne font rien pour découvrir la véritable histoire, il sera pendu quelques jours plus tard. Les PJ peuvent être appelés à témoigner et, en fonction de leur témoignage, la peine d'Otto pourrait être réduite.
Dans cette affaire, la culpabilité est à la fois celle de Stotter et d'Alexia, et tous deux la gèrent de manière différente. Alexia sombre rapidement dans une dépression alcoolique tandis que Stotter se contente de battre son apprenti de plus en plus souvent, bien qu'avec le temps il oubliera Alexia et Otto.
Une autre option qui s'offre aux PJs est de faire chanter le couple. L'inculpation d'Otto à ce stade dépendra de leur volonté ou non de payer. Stotter va certainement payer pendant une courte période, mais il va vite se mettre en colère et provoquera les PJ. Quelques mois après l'incident, les PJ ne pourront plus faire grand-chose pour faire rouvrir l'affaire auprès des autorités.
La meilleure façon de s'assurer que le couple de comploteurs soit traduit en justice est que les PJs s'arrangent pour les piéger. Cela peut être fait en les attirant ensemble avec la menace d'être dénoncés et de surprendre leur conversation. Cela dépendra en partie de qui parviendra à les entendre. Si les PJ trouvent quelqu'un de respectable qui leur fasse confiance pour les assister et que le duo s'incrimine lui-même, alors tous deux souffriront. L'affaire sera rendue publique et ils seront punis. Certainement déshonorés, ils seront condamnés à un an de prison, après quoi les deux quitteront la ville pour toujours. Si cela se produit, Glasner refusera de payer, disant que les PJ auraient dû venir le voir ; "Je ne vous ai pas engagés pour déshonorer ma soeur".
Si les PJs vont directement voir Glasner, il écoutera gravement leur histoire. S'ils en ont assez pour le convaincre, il les remerciera pour leur temps, les paiera et demandera que l'affaire reste secrète. Il s'adressera ensuite à sa soeur, qui confirmera les faits. Si Otto a été arrêté, il tirera quelques ficelles pour qu'il soit libéré.
Les PJ devraient être récompensés par des points d'expérience s'ils sont parvenus à s'assurer qu'Otto resterait libre, mais aussi pour la discrétion dont ils auront fait preuve dans leurs enquêtes.
Un court scénario de John Foody