Source : WJRF - Royaumes de la Sorcellerie (Les), proposé par Darian.
« Elandra rouvrit lentement les yeux et se tourna vers Konrad. "Les runes de gardes sont désarmées. A ton tour maintenant."
La serrure ne résista que quelques secondes aux crochets de Konrad qui repoussa bientôt la lourde porte de chêne bardée de fer. Les gonds protestèrent avec un grincement sinistre. "Nous y voilà," annonça Konrad à ses compagnons, en souriant de toutes les dents qui lui restaient. L'équipe pénétra prudemment dans la salle du trésor du prince-sorcier.
Pour la sensibilité magique de l'elfe, l'arme semblait chanter et sonner une musique cristalline. Aveugle aux autres merveilles de la salle richement décorée - la lumière de la lanterne d'Alric se reflétait sur les facettes de milliers de joyaux et sur un empilement de pièces d'or digne d'un dragon - Elandra marchait vers l'épée telle une somnambule.
"Vous avez vu ça ?" hoqueta Alric stupéfait, les yeux fixés sur l'épée large scintillante.
La pointe de la lame s'enfonçait dans un bloc de marbre délicatement sculpté de bas-reliefs dépeignant la bravoure des chevaliers de l'Empire. La lame elle-même était damasquinée d'un canevas décoratif où s'entremêlaient des fils d'or. La garde dorée se recourbait en serre de dragon incrustée de saphirs éclatants et de rubis rouge sang, et le pommeau se terminait par un orbe de cristal.
"Incroyable, n'est-ce pas ?" répondit Elandra dans un murmure. Sans un regard pour la fantastique épée large, la sorcière elfe dégagea du capharnaüm qui couvrait le sol une lame ébréchée, patinée de rouille et la tint avec révérence sur ses paumes ouvertes.
Aussitôt, son esprit fut assailli par un déferlement d'images. Un homme chauve en robe grise tissait ses sorts dans l'épée. Un noble guerrier fendait en deux le crâne d'un monstre à tête de taureau. L'arme gisait oubliée dans une tombe humide, enserrée par les phalanges d'un chevalier mort depuis bien longtemps. Et une voix puissante, acérée comme le diamant, résonnait dans sa tête:
"J'ai été forgée dans les feux d'Agsby par le puissant sorcier Alamanthus et trempée dans les vents de l'Azyr. J'ai combattu les hordes d'hommes-bêtes dans la main de Sire Roche d'Âpre et pendant trois siècles, je suis restée seule dans sa tombe, dévorée par ma soif de sang chaotique. Je suis celle qu'on appelle la Tueuse de Bêtes et je suis votre salut" »