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L'envol de la Pie Voleuse

Source : Texte personnel, proposé par Svenson.

« ... Vingt-sept, vingt-huit, vingt-neuf, trente... Entrée de l'Artiste...

*Un grand sourire aux lèvres, Uccello se hisse discrètement sur le chemin de ronde alors que la silhouette du vigile continue de s'éloigner au rythme de son pas tranquille.*

La prochaine fois, je m'arrêterai à vingt-cinq. Inutile de se torturer les bras suspendu dans le vide plus que de raison pour attendre que le garde s'éloigne. Bon, où se trouve cette grange ?

*La petite silhouette ramassée sur elle-même se fond dans les ombres environnantes, hors du rayon des torches disposées à intervalles réguliers le long du chemin de ronde qui court au sommet du mur d'enceinte de la Guilde des Marchands. Etudiant la disposition des lieux, le jeune garçon compare ce qu'il aperçoit de la cour intérieure aux plans dessinés par Georgio Bontelli. Avisant un entrepôt surélevé adossé au mur Ouest, le visage d'Uccello s'éclaire : le voilà. Le jeune homme traverse doucement le chemin de ronde pour s'approcher du rebord qui donne sur la cour intérieure. Hors du cercle de lumière des torches les plus proches, Uccello utilise la corde teintée en gris sombre pour la nouer rapidement sur une aspérité capable de supporter son poids (guère élevé, il est vrai). Descendre dans la cour n'est plus qu'une formalité pour le Signore Uccello Ladro; éviter la patrouille est un jeu d'enfant, les gardes ayant soin de se déplacer avec des torches et en agitant consciencieusement leurs équipements métalliques pour -semble-t-il - faire le plus de bruit possible.*

Nous y voilà.. Mes aïeux, quelle odeur ! Ces fruits sont définitivement gâtés... Je comprends mieux l'urgence exprimée par le signore Bontelli !

*Le jeune garçon vêtu de sombre pose son sac à terre pour en extraire les divers accessoires nécessaires à la réalisation de son forfait. A l'aide d'un pinceau, il entreprend de badigeonner les contours de la porte d'accès de l'entrepôt avec un mélange qu'il transporte dans un bocal de verre. Espérons que ces lourdauds ne passeront pas QUE par les doubles portes de l'autre côté. Puis, une fois le contenu du bocal convenablement réparti (y compris sur le sol devant la porte), Uccello entreprend de se hisser sur le toit d'un bâtiment voisin. Une fois bien installé et bien dissimulé, le voleur sort son arc court ainsi qu'une flèche dont la pointe est enduite d'un mélange de souffre et de salpêtre.*

Que le feu d'artifice commence.

*La patrouille, précédée du son et lumière s'engage dans la ruelle qui jouxte l'entrepôt sur lequel Uccello a accompli son mystérieux travail. Le jeune garçon lance une pierre de petite taille contre la porte dudit entrepôt, juste après le passage de la patrouille. Zélés et bien entraînés, les gardes réagissent immédiatement :*

-"Hé ! J'ai entendu un bruit dans ce bâtiment !"
-"Moi aussi sergent !"
-"Bien, on va aller voir : toi et toi, avec moi. Toi, tu restes à l'entrée et tu surveilles. Et vous deux, vous contournez le bâtiment pour aller voir les doubles portes. Allons-y !"

*Les miliciens de la Guilde s'approchent de la porte : cette dernière est fermée. Le sergent utilise son passe pour entrer dans l'entrepôt, suivit par ses deux soldats. Le troisième se tient dans l'encadrement de la porte, sa torche bien en évidence au-dessus de sa tête.*

Maintenant...

*Uccello bande son arc et vise soigneusement l'espace juste au-dessus de la porte. Sa flèche file et se plante exactement à l'endroit visé. Le mélange qui recouvre la porte réagit presque immédiatement à celui dont est enduit la flèche d'Uccello : le mur prend feu, gagnant rapidement de l'ampleur en dévorant le bois sec dont est constitué l'entrepôt.*

*Les soldats sortent en désordre du piège de cette bâtisse qui se consume à une vitesse folle. Le sergent, furieux, beugle après son homme de faction et ses autres soldats :*

-"Imbéciles ! Vous pouviez pas faire attention avec vos torches ??!!"
-"Mais... Sergent.. Je..."
-"Silence ! Sonnez l'alerte au feu ! Il faut préserver les bâtiments voisins pour éviter la propagation ! Prévenez le signore Administrateur immédiatement !"

*Les gardes s'éloignent pour exécuter les ordres de leur supérieur qui assiste, impuissant, à la destruction de l'entrepôt.*

*Un peu plus loin, Uccello finit de remonter sur le chemin de ronde, le traverse et entreprend de redescendre de l'autre côté, pour s'enfoncer dans les ruelles tortueuses des bas quartiers, une satisfaction toute professionnelle l'envahit : voilà du bel et bon travail, bien exécuté et dont les espèces sonnantes et trébuchantes, que va me dispenser le signore Bontelli, récompenserons justement.*

*Tôt le lendemain, les propriétaires des diverses marchandises de l'entrepôt sinistré D-23 sont présents dans le bureau du signore Administrateur afin de réclamer une juste compensation de la perte de leur précieuses denrées : la coopération des membres de la Guilde des Marchands paiera à chacun le montant de la valeur nominale des biens détruits par l'incompétence de son personnel. Parmi les personnes lésées, le signore Georgio Bontelli, sous son masque navré et furieux, se réjouit de l'escroquerie réalisée : une cargaison entière de denrées pourries et invendables rachetée au prix fort par ses pairs ! Quelle plaisanterie ! Cette petite intervention de la Confrérie des Voleurs a coûté cher, mais ça en valait la peine !*

*La Confrérie des Voleur a son siège dans le bâtiment qui abrite l'échoppe de CasseCrâne l'usurier. Ce dernier est un demi-Orque qui se trouve être, avec son ami de toujours, le Nain Glamduir, le chef de la Confrérie. Uccello entre dans la boutique et se dirige vers un siège pour s'y asseoir gracieusement. Glamduir lui jette un oeil, pose son arbalète lourde et se dirige vers la porte de l'échoppe pour la fermer à clef. CasseCrâne demande à Uccello :*

-"Hé bien, petit, comment ça s'est passé ?"
-"Plutôt bien : les gardes n'ont rien soupçonné et je n'ai pas laissé de traces. Les mélanges de Glamduir ont fait merveille !"
*Le Nain prend la parole à son tour :*
-"Tu es sûr de ta décision ? Tu pourrais rester ici et avoir un bel avenir chez nous, tu sais..."
-"Merci Glam, mais non merci : je veux voler de mes propres ailes. Vous m'avez accueilli et tout appris : je vous en suis éternellement reconnaissant. Il me faut partir et me faire une place au soleil de la nuit" *Dit-il avec un clin d'oeil* "Cette mission était la dernière, c'était celle qui m'a libéré -avec votre permission- de mes liens envers la confrérie."

*CasseCrâne et Glamduir considèrent ce diablotin de petit bout d'Homme.*

-"Tu vas nous manquer Uccello. Ta place est réservée sur le Gazzo di Locco : le capitaine te déposera où tu le souhaite sur son parcours."
-"Vous me manquerez aussi" *Il s'arrête, indécis* "... Je n'ai pas de quoi payer mon trajet : je vois ai toujours reversé mes gains, et mes missions récentes étaient payées directement auprès de vous..."

*Le Nain et le demi-Orquee se regardent, puis se tournent vers la petite silhouette. CasseCrâne reprend :*

-"Disons que c'est notre cadeau d'adieu, Uccello. Et reviens nous voir quand tu le veux, tu seras toujours le bienvenu dans cette cité."

*Un peu plus tard, Uccello rassemble ses affaires, dit au revoir à ses frères voleurs, donne l'accolade à CasseCrâne et Glamduir (qui ont été ses parents adoptifs, en quelque sorte), ajuste son sac à dos qui contient ses maigres possessions et se dirige vers le port, en quête du Gazzo di Locco et de sa liberté.*

Le premier jour du reste de ma vie !

*Son coeur est léger et son optimisme sans limites.* »

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