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Le Diable de la Drakwald

Source : Mordheim, proposé par Freedom.

« Le long silence de la tombe régnait en maître dans la Forêt de Drakwald. La pénombre semblait abriter en son sein de sombres rêveries, la promesse d'une débauche de tortures bestiales et d'actes innommables. Rare était le chant des oiseaux, plus rare l'éclat de quelque rayon de soleil égaré. Même la brise portait l'écœurante odeur du sang. Seul un fou ou un idiot emprunterait ces chemins maudits sans une solide escorte ni même un guide, et pourtant un être s'y trouvait, rôdant sous les frondaisons, des brindilles craquant bruyamment sous ses pas, les ténèbres devant lui et les démons de l'enfer sur ses talons…

“Chair humaine”, grogna Boraash. Aux côtés de l'homme-bête, Gorgoth s'ébroua en un geste de mépris, ses yeux brûlant d'impatience. La créature nommée Kornak battait furieusement l'air de ses redoutables cornes, de la salive dégouttant de ses crocs.

“Encerclez-le !” Ordonna-t-il.

La végétation devenait plus dense, étouffant jusqu'au souvenir même du monde extérieur. Et toujours le voyageur avançait, paraissant ignorer la présence de ses poursuivants.

Boraash se déplaçait avec célérité à travers les fougères noires, évitant les branches les plus basses, traversant les buissons. Le reste de sa meute impie courait en direction de leur proie. Boraash sentait sa crinière se hérisser à l'idée de la tuerie à venir. Il pouvait déjà sentir le sang dont il pourrait bientôt s'abreuver.

Une brume rouge obscurcissait les sens de Gorgoth. Il ne tenait pas compte des branchages qui fouettaient son visage alors qu'il se ruait en avant. Sa soif de sang était un torrent avide dans lequel il se plongeait avec délice. Les babines retroussées, il se voyait déjà se jeter sur la chose-homme pour déchirer ses chairs et s'en repaître lorsqu'un pieu épais transperça ses entrailles pour l'empaler net.

L'instinct de Kornak l'avait prévenu du danger et il était resté en retrait, dans le sillage de Boraash et Gorgoth. Il avait écarquillé les yeux de surprise en voyant Gorgoth soulevé du sol, un flot de sang jaillissant de son dos en cascades noires. Boraash arrêta sa course, se préparant à attaquer. Kornak le regarda ralentir, conscient que leur victime avait soudainement et inexplicablement disparu…

Boraash renifla l'air, ses oreilles à la recherche du moindre son, la peur saisissant son être à la vue du sort qu'avait subi Gorgoth. Il n'arrivait pas à trouver l'odeur de la chose-homme. Il dévorerait le corps de son frère après avoir massacré l'humain. Il n'en laisserait que les os, ça oui…

Un éclat argenté et un sifflement à travers les arbres interrompirent brusquement ces réflexions de Boraash. Il bascula en arrière, une hache de jet profondément enfoncée dans son crâne tandis qu'un liquide épais et visqueux s'écoulait de son manche.

Kornak eut un mouvement de peur en voyant son compagnon mis à terre. Ses yeux se tournèrent vers le cadavre de Gorgoth, dont le sang souillait la fourrure. Il eut soudain conscience d'une silhouette se détachant de la pénombre et regarda dans sa direction. Il crut d'abord qu'il s'agissait de Boraash, comme s'il avait pu survivre à sa blessure par quelque sombre miracle. Mais une de ses cornes était sectionnée et son odeur était bizarre.

La proie n'en était plus une.

“La chose-homme !”, rugit-il, submergé par une fureur bestiale. Il s'élança à travers les buissons comme s'il s'agissait de brume. Il brandit une grossière massue couverte de sang séché, bien décidé à réduire le crâne de l'homme en bouillie avant d'en dévorer le cerveau. Mais une hache sembla soudain sortir de nulle part pour parer le coup. Quelque chose apparut dans l'autre main de l'homme et mordit cruellement sa chair. Kornak sentit sa vie s'écouler de ses flancs et sa dernière vision fut le visage même de la terreur. Une lueur animale brûlait dans le regard de l'homme, d'une férocité supérieure à la sienne. Son corps était recouvert de la fourrure puante de ceux de son espèce, et il était oint d'onguents et de baumes qui asphyxiaient Kornak. Il avait rencontré un démon, le diable de la forêt, son cauchemar. Le fléau de sa race.

Vantigan laissa le cadavre répugnant de l'homme-bête s'effondrer au sol, libérant la lame de sa hache. Sans perdre de temps, il décapita la créature d'un coup bien ajusté. Il eut vite fait de retirer la peau et la chair du crâne pour le planter sur une pique. Cela lui ferait un beau trophée. Mais une autre proie lui échappait encore, quelque part dans ces bois. La nuit approchait qui ferait bientôt sortir la créature. Ces hommes-bêtes avaient été piégés et abattus facilement. Le loup-garou ne serait pas aussi facile à prendre… »

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