Source : Création Personnelle, proposé par Loup Solitaire.
« - "Patron! Une autre bière!" Trask accompagna sa demande en frappant sa chope sur la table. Les deux mercenaires en face de lui échangèrent un regard entendu. Le nain en était à sa 8ème chope alors qu'eux même entamaient à peine leur troisième. La bière de cette taverne n'était pas de première qualité, mais elle était fraîche et forte. De quoi tomber raide rapidement. Exactement ce qu'espéraient les malandrins.
-"Ch'ais pas pour vous, mais ch'trouve qu'la bibine de c'te repaire de trolls est complètement fadasse! A peine de quoi vous rendre la soirée moins longue... Mais 'faut pas être trop difficile dans vo't coin! Z'avez certainement jamais bu de la bonne bière naine par ici, la seule, la vraie! Pas ce jus d'chaussette de gob'! Nan! Un truc qui vous descend directement dans l'gosier et qui vous met du coeur au ventre!"
La voix pâteuse de Trask reflétait les effets de la forte bière de ce bar crasseux de Tabalheim. Les deux mercenaires acciessèrent à la diatribe du nain, guettant le momment où il serait suffisemment "mûr" pour qu'ils puissent lui prendre les deux brassards étincelants qu'il portait à ses bras - et sa bourse, histoire de se payer des insultes répétées du nain envers la guilde de voleurs.
Le barbare au fond du pub, lui, en était à sa 15ème. Fin saoûl, il parlait de plus en plus fort, racontant ses exploits de guerrier à qui voulait l'entendre et faisant des réflexions graveleuses à la jeune servante. Vidant sa choppe, il se mit à beugler que la bière était frelatée et que même le plus bourré des centaures n'en voudrait pas. C'en était trop pour le barman, qui fit un signe de tête à l'ogre chargé du service d'ordre. Celui-ci hocha la tête et se dirigea vers le nordique.
Firmin observait tous ces détails. L'ogre n'allait pas tarder à appalguer le barbare pour le mettre dehors. L'inévitable bagarre qui en résulterai lui servirai. Le nain n'allait pas tarder à en arriver au même niveau, et les deux membres de la guilde tenteraient de lui faire les poches. Tenteraient. Car il serait plus rapide et plus malin qu'eux. Sa petite taille et la confusion qui n'allait pas tarder à éclater lui permettrait de rouler les voleurs - tout en leur laissant prendre tous les risques, bien sûr. Firmin était courageux pour un halfeling, mais il n'était pas téméraire au point de vouloir détrousser un nain, même ivre.
L'ogre abatti son énorme main sur la non moins énorme épaule du barbare ivre.
-"C'est terminé pour toi, freluquet! T'as assez bu pour ce soir! Dehors!
-Enlève tes sales pattes -hic- de moi, p'tit gars! -hic- Ou ch'ten r'tourne une dans -hic- ta sale tronche de troll! -hic-"
La maigre patience de l'ogre fondit aussitôt sous l'insulte. Sa main gauche fusa en direction du nez de l'ivrogne, l'expédiant à deux mètres, en plein sur la table des joueurs, la brisant, faisant voler cartes et pièces. Sonné par le choc inattendu, le barbare se releva néanmoins et, écartant avec désinvolture les joueurs furieux de son chemin, se rua sur son agresseur, abasourdi de voir que son adversaire pouvait encore bouger après un coup aussi magistral. Le barbare lui envoya un direct à l'estomac et enchaina sur un uppercut bien sentit. Un humain aurait traversé la pièce par la voie des airs et se serai écrasé sur le mur d'en face. Mais l'ogre encaissa les coups et se rua sur le nordique déchainé. Les joueurs n'osèrent intervenir, mais exigèrent du barman qu'il assume les dégâts de son personnel et rembourse leurs bières. Bizzarement, le barman leur rit au nez, ce qui eu pour effet de rendre les 4 humains furieux. Ils se jetèrent sur lui.
Trask se retourna quand il entendit le barbare répondre au videur, juste à temps pour admirer son magnifique vol plané involontaire. "Joli!" admit-il. Les deux malandrins en face de lui n'attendaient que cela. Ils sautèrent sur le nain par dessus la table pour s'emparer des objets de leur convoitise. Malheureusement pour eux, ils avaient mésestimé la résistance de leur advesraire. Cette brutal aggression le dégrisa en un instant. Il colla son poing en pleine face d'un de ses adversaires et releva son genoux qui atteignit le second à l'entre jambe. Mais les deux n'étaient pas des pretresses de Shallya. S'emparant l'un d'une bouteille, l'autre d'une chaise, ils se ruèrent sur le nain qui les attendait de pied ferme.
De son côté, le barbare employait les grands moyens: il s'empara d'une table, la souleva et, rapide comme l'éclair, se retourna pour l'écraser sur le crâne de l'ogre qui fonçait sur lui, l'expédiant au tapis. Cherchant des yeux une nouvelle arme, il arrêta son regard sur le billard miteux qui se trouvait dans le coin. Il se précipita pour s'emparer d'une queue, mais sa course fut interrompue par un des joueurs qui traversait la pièce en vol plané et qui l'atteignit de pein fouet. Le barman était un habitué des bagarres!
Firmin ne croyait pas sa chance. L'anarchie régnait dans la taverne, tous les clients commençant à s'impliquer (ou à être impliqués bien involontairement) dans la bagarre, certains cherchant à profiter du désordre pour se servir derrière le bar (et lutter contre ceux qui avaient eu la même idée), d'autres essayant de réccupérer les mises éparpillées de joueurs, les autres, renversés par les lutteurs, répliquaient. Le halfeling se leva et s'approcha d'un client étendu sur le sol, étourdit. D'un geste expert, prétextant l'aider à se relever, il s'empara de sa bourse. Satisfait, il chercha d'autre "personnes en difficulté à aider". Ses yeus tombèrent sur Trask et les deux voleurs. L'un d'eux abatti la bouteille qu'il tenait à la main sur le crâne du nain, qui se révéla assez épais pour que ce dernier soit surtout rendu encore plus furieux par le gâchis d'alcool. Il lui retourna le compliment en foncant littéralement tête baissée, atteignant le mercenaire au creux de l'estomac, qui s'écroula au sol, le souffle coupé. Le second en profita pour écraser une chaise sur le dos du nain. Expédié au sol, celui-ci roula et lui envoya son pied chaussé de lourdes bottes ferrées dans le genoux. Firmin entendi un drôle de craquement alors que le voleur hurlait de douleur.
Le barbare se releva, empoigna le joueur inanimé et, le soulevant au-dessus de sa tête, le propulsa sur le goupe de clients qui s'affrontaient derrière le bar pour la possession des bouteilles. Le bruit de verre brisé attira l'attention de l'ogre, qui se retourna en fonça protéger les réserves de son établissement. Quelques coups de boules bien sentis calmèrent les ardeurs des moins motivés des clients, mais les autres oublièrent leurs différents pour tenter d'arrêter l'ogre. Profitant de ce répit, le barbare s'empare d'une queue de billard et se retourna, bras tendu, balayant l'espace de son arme improvisée, qui vint s'abattre sur le crâne du nain qui se relevait, le renvoyant au tapis. Trask gronda de fureur et, avec une agilité surprenante pour quelqu'un de sa corpulence, se redressa pour se jeter sur le barbare.
Firmin décida que la moisson pouvait être meilleure. S'emparant des débris de tables au sol, il se glissa entre les belligérants pour les aider à tomber à grands coups de pieds de tables à l'arrière des genoux. L'un des clients se rendit compte de la manoeuvre et, sautant pour éviter un coup vicieux, il perdit l'équilibre et tomba sur le nain et le barbare qui luttaient dans un féroce et magnifique échange de coups, s'interposant ainsi de façon tout à fait fortuite entre un puissant direct à l'estomac du nain et un féroce coup de chaise à la tête de la part du barbare. Doublement atteint, le malheureux n'eu même pas le temps de regretter de ne pas avoir choisi d'encaisser le coup en traitre du halfeling avant se sombrer dans l'inconscience. Oubliant leur querelle, le nordique et le nain se ruèrent dans la mêlée paroxystique au niveau du bar. Le barman distribuait généreusement coups de poings et de pieds avec une maîtrise qui reflétaient une grande pratique. Choisissant cet adversaire de choix, et considérant que la clientèle de ce boui-boui était défintivement mal triée, Trask décida d'aller lui en toucher deux mots. Le barbare, lui, revint à sa première querelle pour tomber sur l'ogre à bras raccourci...
...
L'officier de la garde contemplait le tableau, bouche bée, ayant du mal à réaliser ce que ses yeux lui montraient: un barbare et un nain étaient assis à la seule table encore debout parmis les décombres, buvant tranquillement une bière, alors qu'autour d'eux, quelques clients essayaient tant bien que mal de se relever. La plupart étaient incapables de faire autre chose que de gémir sans bouger. Un ogre était allongé sur le ventre, la tête enfoncée jusqu'au coup dans un tonneau défoncé. Le barman était sur le bar, en train de sangloter.
Incrédule, le sergent fit signe à ses hommes de bloquer l'entrée mais de rester à l'extérieur. Prudemment, évitant les corps épars, il s'approcha du barman.
-"Par Sigmar, mais que s'est il passé ici?!
- Rien", gémit le barman "absolument rien! J'me suis juste planté de tonneau à l'ouverture: je leur ai servi la bière frelatée avant la bonne... Si j'vous dis que ces deux là m'ont aidé à souligner cette méprise, vous m'coirez?"
Le sergent jeta un regard ébahi aux deux buveurs qui le saluèrent en levant leur choppe de bonne bière du Middenland et en souriant.
-"Sur parole!" répondit-il! »
