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L'île de Sartosa

La cité franche de Sartosa est bien connue pour être un repaire de pirates et de brigands de tout poil, un refuge où l'on accueille sans poser de questions tous ceux qui veulent se soustraire aux pouvoirs en place du Vieux Monde. C'est un endroit terriblement dangereux, où des pirates ivres n'hésitent pas à enrôler de force les individus sans méfiance, où chaque heure connaît son lot de duels et de bagarres de taverne, où les docks crasseux et surpeuplés sont infestés de coupe-jarrets et de tire-laine à l'affût de proies faciles Pourtant, malgré tous ces périls, un aventurier suffisamment coriace et doté d'une indomptable volonté de survivre peut non seulement subsister, mais également faire fortune, débarrassé du joug écrasant des impôts iniques, de la noblesse autoritaire et des contraintes de lois draconiennes. À partir des rivages de Sartosa, de fabuleuses contrées exotiques sont à portée de main, depuis l'Arabie, au sud, jusqu'à l'immense continent qui s'étend au-delà du Grand Océan, en passant par les Principautés Frontalières, à l'est.

En résumé, Sartosa est certainement l'endroit idéal pour partir en quête d'aventures.

L'ile de Sartosa

L'île elle-même est un promontoire rocheux, escarpé, qui naquit il y a bien des années de l'éruption d'un volcan à présent (quasiment) en sommeil, le mont Ertinia. Elle est en permanence balayée par des vents alizés réguliers, soufflant de l'ouest, qui créent un courant constant très apprécié des pirates qui ont élu domicile dans ces eaux. On trouve peu de plages ou de hauts-fonds autour de l'île ; les murailles de ses falaises de calcaire poreux dominent la mer, s'élevant à des hauteurs qui peuvent aller de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres. Ces falaises sont truffées d'innombrables cavernes, tunnels et crevasses, pour la plupart accessibles depuis la mer, qui en font le repaire favori des pirates qui souhaitent établir de petites bases d'opération privées à l'écart de la cité. Seules quelques grottes, parmi les plus vastes et les plus proches de Sartosa, ont été complètement explorées. Les marins parlent de plusieurs grandes cavernes qui resteraient encore à découvrir et toutes sortes de rumeurs et d'histoires invraisemblables circulent au sujet des trésors, des monstres et des secrets interdits qui y seraient dissimulés.

Grâce au mont Ertinia, l'île est extrêmement fertile, mais le travail de la terre y est très difficile à cause de l'abondance de roches et de petits cailloux. La plupart des fermes sont proches de la cité mais on en trouve quelques-unes disséminées sur l'île; elles produisent essentiellement du raisin, des olives et du blé. La superficie relativement modeste de ces fermes et l'insatiable appétit des pirates obligent la population de Sartosa à importer la plus grande partie de ses produits alimentaires. La plupart des fermiers sont obligés de se placer sous la «protection» d'un ou plusieurs seigneurs pirates qui s'approprient une large portion de leur récolte mais qui, en échange, les protègent des attaques des brigands, toujours à l'affût d'une bonne occasion de remplir les cambuses de leurs bateaux.

Les eaux environnantes sont extrêmement poissonneuses; on y pêche sans le moindre effort une abondance de poissons, de poulpes, d'huîtres et de palourdes. Ces richesses marines constituent la principale ressource alimentaire de la population car les marchands honnêtes qui osent venir jusqu'à Sartosa pour commercer ne sont pas très nombreux. Les eaux peu profondes qui s'étendent autour de la cité et le long de la côte nord-ouest de l'île abritent également de nombreux bancs d'huîtres perlières. En vérité, les magnifiques perles fines que l'on y récolte constituent l'un des principaux produits d'exportation de Sartosa. La récolte de ces perles, une activité déjà dangereuse en elle-même, le devient doublement à cause des pirates en quête de profits faciles. Pour pouvoir continuer à exercer leur métier, la plupart des pêcheurs de perles acceptent à contrecoeur la protection d'un certain nombre de pirates ou de factions criminelles... en échange d'une substantielle portion de leurs revenus, naturellement.

Le mont Ertinia, les dieux et Jack des Sept Mers

Sartosa est née de l'éruption d'un énorme volcan, le mont Ertinia, qui surgit des fonds océaniques il y a d'innombrables millénaires.

L'un des contes les plus populaires de Sartosa raconte que l'île est apparue lorsqu'un jeune marin perdu en mer à la suite du naufrage de son navire supplia les dieux de le sauver en leur promettant en échange sa foi et sa fidélité éternelle. Aucun des dieux ne lui répondit, à l'exception de Ranald le Roublard qui lui accorda son sauvetage en laissant tomber dans les vagues une goutte de flammes et de lave en fusion qui fit monter une île au-dessus des flots. Hélas, cette arrogante intervention suscita la colère de Manann, le dieu des Mers. Afin d'apaiser sa fureur, Ranald ordonna au marin de les honorer tous les deux, Manann et lui, par des offrandes d'or et de butin. Ne voyant aucun autre moyen de satisfaire à cette demande, le marin se fit pirate afin de payer sa dette et devint le plus célèbre de tous les pirates du monde: Jack des Sept Mers. De très nombreuses fables racontent les exploits de Jack des Sept Mers et certains le considèrent comme un aspect de Ranald lui-même.

Aujourd'hui le mont Ertinia est presque complètement en sommeil.

De temps à autre, il émet un énorme panache de vapeur et de cendres qui retombent parfois sur la cité déployée au-dessous de lui. Les habitants de Sartosa sont particulièrement fiers de leur volcan dont la silhouette domine le paysage et ils le considèrent comme une sorte de saint patron. Lorsqu'ils aperçoivent le volcan sur l'horizon, les marins qui reviennent vers les rivages sartosiens ont coutume de verser une rasade de rhum dans les vagues en accompagnant cette offrande d'un salut rituel : « Ertinia en vue ! ».

Les autorités en place

La cité de Sartosa n'est soumise à l'autorité d'aucun roi, comte ou maire. Les prêtres et les sorciers n'y tiennent pas conseil afin d'offrir le secours de leur sagesse. On n'y trouve aucune aristocratie qui vaille la peine d'être mentionnée. Sartosa est gouvernée par une seule puissance : celle des pirates.

En théorie, à Sartosa, chacun bénéficie des mêmes libertés, mais ces libertés sont le produit de l'anarchie et ne s'accompagnent d'aucun droit, ou presque, si ce n'est celui que procurent la force et la volonté d'en user. En pratique, tous les citoyens de Sartosa doivent allégeance et services à leurs supérieurs dans la hiérarchie sociale.

Au sommet de cette échelle trônent les seigneurs pirates, des capitaines « à la retraite » qui se sont arrogé les privilèges de la noblesse et des riches oisifs.

Une cité véritablement libre Pour le meilleur ou pour le pire, Sartosa est presque absolument affranchie des intrigues politiques qui sont le lot commun dans les autres cités-états de Tilée. En plus de son statut de « cité franche », qui lui offre une complète indépendance face à toutes les organisations politiques, les individus y jouissent d'une liberté d'action considérable.

Malgré l'anarchie généralisée et le manque à peu près total de législation, la population se conforme tout de même aux règles du «code de la Piraterie». La ville est considérée comme un terrain neutre par tous les pirates des mers et des océans. N'importe quel capitaine peut venir s'amarrer à ses jetées sans craindre d'être arrêté ou abattu par les représentants de l'ordre au moment où il posera le pied à terre; néanmoins, cela ne signifie pas qu'il n'aura pas à affronter ses rivaux si d'aventure ceux-ci se trouvent à quai en même temps que lui.

Le code de la Piraterie

Le soi-disant « code de la Piraterie » est la seule réglementation qui ait cours à Sartosa. Il met à la fois l'accent sur la liberté individuelle et sur la loyauté qu'un individu doit à son capitaine, ses compagnons d'équipage et son navire (dans cet ordre). Tous ne s'y soumettent pas, mais il est suffisamment bien connu pour que tous les habitants de la ville soient avertis de ses différentes règles, ne serait-ce que pour sauvegarder leur peau.

Lorsqu'un homme en tue un autre, on considère qu'il est dans son droit si son honneur a été bafoué de quelque manière que ce soit bien que, dans la plupart des cas, « la force prime sur le droit ».

En revanche, il ne faut pas oublier que le fait de tuer un homme en pleine rue dans une ville gouvernée par des pirates vous expose généralement aux représailles de ses camarades de bord et la plupart des gens sont conscients des conséquences que peuvent entraîner de telles actions. Vous trouverez ici l'énoncé de certaines des règles non écrites du code. Ces règles peuvent toutefois être interprétées de mille manières différentes et il est toujours possible de les déformer à loisir (pour autant que vous soyez capable de convaincre vos interlocuteurs que c'est vous qui êtes dans le vrai).

  • Chaque homme doit obéir aux ordres de son capitaine et de ses officiers.
  • Un homme d'équipage a le droit de défendre sa personne ainsi que son honneur.
  • Un homme peut en défier un autre en duel loyal, mais c'est son adversaire qui aura le choix des armes. Personne ne pourra s'interposer avant que l'un des deux adversaires ne soit mort ou ne se soit avoué vaincu.
  • Le butin sera partagé de la manière suivante: 1 part pour chaque homme d'équipage; 3 parts pour le capitaine; 2 parts pour le maître charpentier, le maître d'équipage et le canonnier.
  • Quiconque tente de déserter sera abandonné sur une île déserte avec pour seul viatique une arme et une gourde d'eau.
  • Quiconque fait preuve de paresse ou néglige de nettoyer ses armes sera privé de sa part au prochain butin.
  • Quiconque frappe un membre de l'équipage aura le dos tanné de 40 coups de fouet appliqués sur la peau nue.
  • Chacun a le droit de voter lors des décisions importantes.
  • Quiconque sera surpris en train de voler un autre membre d'équipage aura les oreilles et le nez fendus avant d'être abandonné à terre.
  • Pour avoir fait monter une femme à bord sous un déguisement, le châtiment est la mort.
  • Nul ne pourra quitter l'équipage avant que chacun de ses membres n'ait amassé la somme de 500 co.
  • Aucun homme d'équipage n'est autorisé à fraterniser avec des sorciers ou d'autres pratiquants des arts sombres.
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Les seigneurs pirates

Tous les pirates, ou presque, rêvent de découvrir un trésor qui leur permettra de se retirer à Sartosa pour y vivre fastueusement en riches aristocrates. Les capitaines les plus prospères achètent ou se font bâtir de vastes villas au coeur de la ville ou parmi les collines rocheuses qui forment les contreforts du mont Ertinia. Certains abandonnent totalement la piraterie et vendent tous leurs navires, tandis que d'autres préfèrent conserver le contrôle de leurs affaires qu'ils dirigent comme un commerce ordinaire. Quelle que soit leur préférence, ces seigneurs pirates mènent l'existence de tous les riches oisifs du monde.

En tant que citoyens les plus riches et les plus influents de Sartosa, les seigneurs pirates endossent souvent le rôle de dirigeants officieux de la ville : ils arbitrent les disputes et émettent des « suggestions » qui auraient force de loi dans d'autres contrées. Cependant, la plupart du temps, ils ne demandent pas mieux que de laisser les Sartosiens gérer leurs propres affaires comme ils l'entendent.

La concurrence et les rivalités sont rudes entre seigneurs pirates et certains d'entre eux nourrissent de solides rancunes à l'égard de leurs confrères. Ils sont toutefois conscients qu'ils n'ont aucun intérêt à rompre le statu quo et évitent donc d'entrer en guerre ouverte. Ils préfèrent régler leurs éventuelles « difficultés » par personne interposée, au moyen d'assassinats discrets et de toutes sortes de manoeuvres plus ou moins frauduleuses.

La piraterie est la raison d'être de Sartosa et l'île accueille à bras ouverts tous ceux qui se conforment au code de la Piraterie. Bien qu'il existe une modeste économie basée sur les produits de la mer, la construction de navires, la fabrication de cordages et autres activités similaires, l'essentiel des finances et des marchandises qui alimentent Sartosa proviennent du pillage des vaisseaux marchands qui sillonnent la mer Tiléenne ou des petites villes côtières mal défendues qui jalonnent ses rivages.

Les mercenaires

Tous les habitants de Sartosa ne sont pas des pirates : la seconde catégorie de citoyens, en terme de nombre, se compose de mercenaires.

À ce que l'on dit, tout homme possédant au moins une massue et la volonté de s'en servir peut trouver du travail dans l'une des nombreuses sociétés de mercenaires de Sartosa. On y croise d'anciens soldats impériaux, des chevaliers bretonniens en disgrâce, des nains errants tueurs de trolls, des piquiers tiléens et des bretteurs estaliens, tous à la recherche d'un emploi. La plupart finissent par se faire embaucher comme gardes du corps par les plus riches capitaines ou comme marins sur des vaisseaux pirates.

Pour faire face à la demande en hommes d'armes, plusieurs sociétés de mercenaires se sont constituées un peu partout et il est possible d'y trouver du travail sans grandes difficultés. Quelques-unes ont conclu des « contrats d'exclusivité » avec l'une ou l'autre des cités-états tiléennes, dont certaines engagent parfois des armées entières pour mener certaines de leurs campagnes. Ces sociétés n'hésitent pas à s'affronter avec la dernière brutalité lorsqu'il s'agit de s'assurer les services de nouvelles recrues et il n'est pas rare qu'elles aillent jusqu'à se lancer dans des guérillas plus ou moins ouvertes contre leurs concurrentes. Désireux de rester en dehors des intrigues des diverses sociétés, certains mercenaires préfèrent voler de leurs propres ailes. Il y a suffisamment de travail pour tout le monde, mais un mercenaire solitaire court toujours le risque de se faire « engager » de force par l'une ou l'autre de ces sociétés, particulièrement s'il a la réputation d'être efficace.

Les cités-états de Tilée

Les nobles tiléens ne détiennent aucun pouvoir légal ou autorité sur Sartosa, mais ils n'en exercent pas moins une influence considérable sur l'économie de la cité pirate et on peut dire, de manière assez ironique, qu'ils sont ses principaux partenaires commerciaux.

Il est de notoriété publique que les nobles et les marchands des cités-états utilisent fréquemment des pirates pour transporter leurs cargaisons, garder leurs propres navires ou attaquer les vaisseaux de leurs concurrents, bien que tout le monde nie qu'une telle chose ait pu arriver lorsqu'elle se produit. Il n'est pas exceptionnel que des aristocrates, leurs intermédiaires ou de riches marchands se rendent à Sartosa afin de s'assurer les services d'un capitaine et de son vaisseau pour toutes sortes d'affaires aussi illégales que frauduleuses.

Cependant, quoi qu'en dise la légende, il n'existe guère de code d'honneur chez les brigands et il n'est pas rare qu'un navire pirate se retourne contre ses employeurs pour piller les vaisseaux du noble tiléen qu'il était justement chargé de protéger. Malgré tout, pour chaque route maritime interdite par la marine tiléenne, une nouvelle route s'ouvre car les profits du commerce illégal sont trop alléchants pour que tout le monde puisse résister à l'appât du gain.

Au fil des siècles, irritées par les abus des pirates, les cités-états ont plusieurs fois tenté d'assiéger Sartosa, mais toutes leurs tentatives ont échoué. Chaque fois que cela s'est produit, les pirates se sont unis, ont constitué un imprenable rempart de galions et de cotres et ont décimé toutes les flottes qui se présentaient.

Source : WJDR - Supplément Officiel V2 WJDR - Le Compagnon
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La Tilée : la croisée du Vieux Monde