Quitte à parler d'exotisme, autant envoyer vos joueurs et PJ de Warhammer là où aucun supplément officiel ni même officieux ne les a jamais conviés. C'est à ce voyage que nous vous invitons dans les pages qui suivent. Attention, dépaysement garanti !
Le Dekka, vieux plateau de forme triangulaire donnant sa forme à la péninsule, est bordé d'escarpements faillés. Les monts Kamalaya au nord et à l'ouest, plus élevés, continus et abrupts, dégagent une étroite plaine côtière en tombant sur la mer. Entre les deux coulent l'Indus et le Ganj : la vaste plaine alluviale ainsi formée est le coeur du monde indi.
La mousson règle le climat en une saison sèche et une humide. La formation végétale la plus répandue est la forêt tropicale où abondent teck et santal tandis que palmiers, acacias et eucalyptus composent les savanes arborées. La mangrove se développe dans les deltas. Les jungles sont peuplées d'éléphants, tigres, panthères, guépards, gazelles, singes et oiseaux très colorés.
L'Ind, amalgame d'ethnies sans aucune unité, est très peuplée, essentiellement autour de la plaine de Dekka, et renferme tous les degrés de civilisation. Les grandes villes sont assez rares.
La majorité de la population rurale est très pauvre. Le Dravin, de peau sombre, est petit et trapu au nord, plus mince au sud. Le Kshatriya est en général plus grand, sa peau plus claire, presque blanche parfois, le nez souvent aquilin. S'ajoute le type ungol dans quelques royaumes au nord.
L'agriculture est à base céréalière, avec les cultures de plantation. Les contrastes de température sont peu importants, sinon entre les saisons sèche et humide. Bien que l'Ind possède un énorme troupeau bovin, il n'y a pas de véritable élevage, car la consommation de viande de vache est sacrilège. Le cheval est réservé à la guerre.
L'industrie, dominée par le textile et la métallurgie, reste peu développée. Les domaines florissants sont la soie et les produits tissés. Le commerce est florissant avec la Cathay, l'Arabie et les royaumes elfiques.
Les terres de l'Ind étaient habitées à l'origine par les Dravîn, peuple composé de diverses ethnies regroupées dans le royaume de Gondawana. C'est entre -1400 et -800 que cette civilisation connaît son apogée. Vivant de la terre et de la mer, possédant des dialectes et des mœurs variés, la population est soudée par une même croyance en une tétrarchie de divinités, les quatre Principes.
A partir de -800, les Dravîn sont en butte aux incursions pressantes de Kshatriyas. Cette peuplade guerrière chassée des montagnes des Larmes par les Peaux-Vertes et les forces du Chaos s'empare assez vite des passes montagneuses menant au Dekka et à la plaine centrale. Toutefois, les Dravîn, divisés mais numériquement supérieurs, ne plient pas. En -500 C.I., an 1 du calendrier indi (d'origine dravîn, fondé sur les cycles de Mannslieb, il est divisé en 16 mois de 25 jours)), les Kshatriyas s'unissent donc aux mystérieux Ashvin-ad-Kumar ("cavaliers du loup") surgis du nord-est.
Les origines des Ashvin-ad-Kumar font référence à une mythique "cité sous les étoiles", loin au nord, avant que leur migration ne les entraîne au sud pour des raison inconnues. Nomades physiquement proches des occidentaux, ils apportent aux Kshatriyas le cheval, la sorcellerie et de redoutables troupes de choc.
En moins de trente ans, les deux alliés conquièrent le bassin indo-ganjétique avant de se répandre dans l'ensemble de la péninsule. Ainsi commence la lente acculturation des Dravîn, les Kshatriya imposant leur organisation politique et sociale. L'Ind est alors morcelée en de nombreux royaumes rivaux luttant pour l'hégémonie. Le succès du prêche du prophète Simda le Bienheureux (440-520), s'inspirant des enseignements des quatre Principes, mais les sublimant dans une vision nouvelle, trouble un temps l'immobilisme politique et social cher tant aux Kshatriya qu'aux Dravîn, avant que Simda ne soit élevé au rang de divinité majeure de l'Ind.
En 2074, des exilés arabes, profitant des dissensions entre les royaumes indi, s'implantent sur la côte nord-ouest : le prince arabe Mahmoud fonde un sultanat, le Karachistan, que son fils Mohammed agrandit encore en repoussant les assauts indi.
En 2573, le prince marchand elfe Vascolyen s'installe sur le site du port de Goma, qu'il rebaptise "Cité des épices". Ce comptoir, établissement richissime et plaque tournante du commerce d'Ulthuan dans l'océan du Sud, inonde de ses richesses l'ensemble de l'Ind occidentale.
La dernière arrivée d'étrangers se fait dans la violence : autour de 2680, les hordes de Kengis Khan soumettent le nord et le centre de l'Ind. Toutefois, les conquérants ungois, s'ils diffusent le simdaïsme en Cathay, ne se mêlent pas aux populations conquises et, près d'un siècle après leur victoire ne gardent que quelques royaumes au nord, les Indi ayant repris le contrôle du reste de la péninsule et effacé presque toute trace de cette occupation.
Enfin, en 2777, le Chaos se lève en Ind et, comme partout ailleurs, il est vaincu et repoussé. L'Etat du Damodar, dévoué à Raktavija, est anéanti et toute sa population passée au fil de l'épée. Dans les vingt ans qui suivent, une croisade intérieure permet l'éradication de la principale secte de Jalandhara.
Les Kshatriya s'étaient appliqués à maintenir l'intégrité de leur culture et de leurs traditions, leurs clases socilaes sont devenues des jâti dont les séparations théoriquement étanches sont imposées par la religion kshatriya, ferment de stabilité sociale et politique prônant une idéologie de domination raciale, de pureté et de conservatisme. Ce sont elles qui organisent et structurent l'ensemble de la société et de la civilisation indi. En théorie, la naissance détermine la jâti. En pratique c'est surtout vrai pour les trois varna (pur), une certaine mobilité sociale, bien que rare étant possible pour les autres. Chacune des jâti dispose de son tribunal et de ses propriétés, et pratique de préférence l'endogamie pour éviter de démembrer l'héritage. Ce sont les jâti dominantes qui possèdent le sol, toutes les autres en sont dépendantes et subsistent par la prestation de leurs services.
Les trois Varna (les purs)
Ce sont les jâti des dirigeants kshatriya. Au sommet de la pyramide sociale et politique de l'Ind, ils détiennent l'essentiel du pouvoir spirituel et temporel, et adorent la Trimûrti.
- Prêtres de Brahmassatva, les brahmani constituent la plus influente des jâti. La cosmogonie kshatriya les dit issus du coeur de l'univers, siège de la vie et de la pureté. Guides spirituels de l'élite kshatriya, intermédiaires entre les hommes et les diaux, ils possèdent la connaissance, accomplissent les rites des ut-pani-shad ("voie vers la lumière divine", textes sacrés et liturgiques régissant le culte de Brahmassatva) et sont les garants de la pureté des Kshatriya.
- Détenant le pouvoir temporel, les agni constituent l'essentiel des guerriers kshatriya. Nés des bras de l'univers, ils doivent rechercher la connaissance et la pratiquer. Pour entretenir leurs vertus guerrières, ils peuvent consommer viande, boissons fermentées et drogues, substances interdites aux deux autres varna car menaces pour leur pureté.
- Descendants directs des Ashvin-ad-Kumar, les ashvini, très faibles numériquement mais au moins égaux en pouvoir aux agni, sont les rédempteurs, seuls sorciers autorisés en Ind, prêtres-guerriers itinérants visant à ruiner l'influence des Maudits. Leurs secrets n'ont pas été percés, même par les brahmani. Issus des yeux de l'univers selon la cosmogonie kshatriya, ils héritèrent de la connaissance pour faire oeuvre de vigilance.
Les quatre harija (les élues)
Ce sont les prêtres des quatre Principes. Placés juste au-dessous des varna, ils assurent la conduite du peuple indi en collaboration avec les brahmani et les agni.
- Servants d'Ananta, les apsaran célèbrent naissances, baptêmes, obsèques et peuvent servir de juges. Ces sont les plus respectés des harija, même par les autres jâti sacerdotales.
- Servants de Vahana, les kirishnan président la prise de fonction de chacun dans sa jâti, généralement à l'entrée dans l'age adulte (16 ans), et copient les vedi (écrits sacrés des quatre Principes).
- Servants de Saravasti, les vishnan, les plus aimés du petit peuple indi, officient au début de la mousson, qui marque le retour de la fécondité pour leur déesse, en participant aux travaux des champs.
- Servants de Parvâti, les atharvan, prêtres-guerriers sévèrement surveillés par les Kshatriya, célèbrent les mariages.
Les quatre vaisyas (les bénies)
Les commerçants, sannyâsa (ermites), mahut (éleveurs et cornacs des éléphants, animal sacré très important militairement et économiquement) et guides (une partie de l'ancienne noblesse dravîn est désormais spécialisée dans cette activité qui lui permet encore de conjuguer aventures et commandement malgré la surveillance kshatriya) constituent l'élite du peuple drâvin. Leur pouvoir temporel, très théorique dans la main de fer des Kshatriya, est souvent plus grand dans les royaumes ungols.
Les quatre vicya (les justes)
Les médecins, administrateurs, fonctionnaires et hommes d'armes sont l'équivalent des classes moyennes, bien que leur niveau de vie soit souvent inférieur à celui de leur équivalent occidental.
Les quatre sûdra (les humbles)
C'est la grande majorité de la population indi (gens de mer, artistes, paysans, artisans, visha (ouvriers), etc.). Fatalistes, traditionalistes, dévots et résignés à leur sort, ils obéissent aux autres jâti dont ils acceptent la domination sans envisager de la remettre en question.
Les dalit (les intouchables)
Appartiennent à cette jâti tout étranger à la société indi, toute personne ayant dérogé aux lois de sa jâti, les esclaves et toutes les races non humaines, y compris les elfes. Le simdaïsme affirme le droit des dalit à une existence plus juste et plus humaine.
Les trois grands royaumes
Gouverné par les maharadjahs (rois des rois), ils sont l'apogée de la puissance et de la culture kshatriya. Au nord-est se trouve Andhara Pardash, sous l'égide de la dynastie Andhara, dont la capitale, Gurvathi, ville sainte du simdaïsme, est le siège d'une des plus puissantes armées de l'Ind. A l'ouest s'étend Sindhar Pardash, Etat théocratique par excellence : la dynastie des Sindhar y est la marionnette des brahmant, qui règnent en maîtres absolus. Plus au sud, la dynastie des Marathi vient d'obtenir le titre de maharadjah, consacrant le statut de puissance montant du Marathi Pardash.
Les provinces
Gouvernée par des rajahs (rois), elles sont de taille et de puissance diverses. Théoriquement inféodées à l'un des trois grands royaumes, elles font en pratique preuve de l'autonomie la plus totale.
On en dénombre onze : Bangar Dash, surpeuplée et agitée par les heurs entre jâti ; Bangar, enrichie par le commerce de son port Kalykut avec la Cathay et qui a fait sécession du Bangar Dash il y a moins de 100 ans ; Ultar Dash, patrie de Simda où le simdaïsme est très puissant et les ermites ascètes légion ; Karbala, d'où partent les pirates et contrebandiers aux prises avec les marins de KAlykut ; Kenera, où la civilisation Dravîn, à peine touchée par l'occupation kshatriya, est restée proche de ses origines séculaires ; Kerkan, l'une des deux grandes provinces maritimes, dont la capitale, Mumbay, ville sainte d'Ananta, s'oppose à la Cité des épices pour le commerce arabe ; Guraji Dash, seule province contrôlée par les ashvini ; Madi Pardash, région agricole riche et prospère ; Erinnya, région redoutée à cause des nagas (serpents) ; Pandjeb, patrie des thugs (assassins), dévots de Yama. Enfin, Janarajaya (île resplendissante) connaît de forts particularismes locaux : la Trimûrti (trinité) y est presque inconnue, les quatre Principes règnent en maîtres, les puissantes tribus autochtones Tamil des régions montagneuses centrales vénèrent la Dyade noire.
Les puissances voisines
Bien qu'appartenant historiquement à la péninsule, ces anciennes provinces sont aujourd'hui hors de l'emprise kshatriya.
Il s'agit d'abord des trois royaumes ungols. Uran Sabar, riche et puissant, est aux mains des nawab locaux (comte / baron), et l'occupation ungole ne se fait sentir que dans la capitale Mysor. A Bakbar, le pouvoir politique consiste en un équilibre subtil et sans cess changeant entre la dynastie régnante ungole d'un côté, les nawab kshatriya et les brahmani de l'autre ; avec, au milieu, les prêtres des quatre Principes et les simdaïstes. Ukbar est la plus puissante des trois survivances de l'occupation ungole.
Ensuite, les deux colonies du Karachistan et du Parichistan sont en guerre continuelle et les sultans, qui dépendent théoriquement du calife d'Arabie, font en pratique ce que bon leur semble.
Enfin la Cité des épices, régie par un conseil regroupant prêtres des quatre Principes et marchands 7, est vue par les dirigeants kshatriyas comme une provocation : la ville reste puissamment protégée par le Karachistan et le Parichistan, qui profitent de son commerce, et surtout par les elfes des mers.